Le Rwanda a annoncé l’envoi d’un millier de soldats au Mozambique pour aider à lutter contre les groupes jihadistes dans la province de Cabo Delgado. Ces groupes, connus localement sous le nom d’Al-Shabab, font régner la terreur, depuis près de quatre ans dans le nord-est du pays et aurait fait près de 3 000 morts. Selon Kigali, ce déploiement commencera immédiatement. Le mois dernier, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a également indiqué qu’elle enverrait des troupes pour éviter que la menace ne déstabilise la région.
L’annonce de Kigali a surpris. Jusqu’à récemment, le gouvernement mozambicain s’était montré réticent à toute aide militaire étrangère. Cependant, selon le chercheur Thierry Vircoulon, joint par RFI, Maputo préfère avoir des soldats rwandais sur son sol plutôt que des hommes de la SADC.
« Cette annonce est le résultat de contacts précédents, qui remontent à quelques semaines, voire quelques mois, après notamment l’attaque de la ville de Palma, qui avait choqué un peu tout le monde, explique le chercheur. Les autorités mozambicaines à ce moment-là ont discuté avec le président Kagamé et donc se sont mises d’accord pour que des troupes rwandaises soient déployées au nord du Mozambique, pour lutter contre l’insurrection jihadiste. »
« En effet, l’Afrique du Sud, qui est évidemment le pilier de la SADC et qui, s’il y avait eu une intervention militaire de la SADC, aurait joué un rôle principal, les autorités mozambicaines ne veulent pas de l’Afrique du Sud, qu’elles voient comme la grande puissance de l’Afrique australe et donc elles ne veulent pas laisser son armée entrer sur son territoire. Donc on voit à la fois l’affirmation du Rwanda comme une puissance militaire en Afrique, et en même temps, du côté de Maputo, le refus d’une SADC qui est en fait un peu le faux-nez de l’Afrique du Sud. »
Le Rwanda tente de s’imposer sur le continent
Selon Kigali, le déploiement de militaires et policiers devrait commencer immédiatement et ces hommes se battront aux côtés des forces armées mozambicaines. Pour le chercheur Thierry Vircoulon, le gouvernement rwandais tente de s’imposer comme gendarme sur le continent.
« Le Rwanda mène maintenant une politique de « fournisseur de sécurité », ajoute Thierry Vircoulon. Le premier exemple, cela a été la Centrafrique où il a envoyé des troupes. Maintenant, c’est en Afrique australe. Donc, on voit qu’il agit à la fois en Afrique centrale et en Afrique australe. Je pense que le régime rwandais veut démontrer qu’il a maintenant une capacité militaire et qu’il peut la projeter. Je pense que c’est une politique très claire de Kigali, de démontrer qu’il est en capacité d’intervenir ailleurs que dans les Grands Lacs, dans son voisinage immédiat, et qu’il peut projeter des troupes en Afrique, à droite et à gauche. »
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