Presque un mois après des législatives marquées par une abstention record et dans un contexte de crise économique et sociale, le président Abdelmadjid Tebboune a présenté la nouvelle équipe. Sur le plan politique intérieure, peu de changement majeur. Sur le plan diplomatique, en revanche, un retour notable, celui de Ramtane Lamamra aux Affaires étrangères.
C’est la seule vraie surprise de ce nouveau gouvernement, le retour d’un poids lourd de la diplomatie algérienne : Ramtane Lamamra, 69 ans. Il a déjà été ministre des Affaires étrangères sous Abdelaziz Bouteflika, entre 2013 et 2017 et également ancien commissaire paix et sécurité de l’Union Africaine.
Ce retour augure de la volonté de l’Algérie de se remettre au centre des questions stratégiques régionales, notamment sur le Sahel. Une volonté aussi de peser face à son rival de toujours : le Maroc, qui a gagné du terrain avec la reconnaissance par l’administration américaine de sa souveraineté sur le Sahara occidental.
Sur le plan intérieur algérien, en revanche, ce nouveau gouvernement, c’est « le changement dans la continuité ». Voilà la phrase qui revient dans la bouche des observateurs. Au total, 17 ministres de la précédente équipe reconduits, pas plus de femmes qu’avant au gouvernement. Et il n’y a aucun représentant de la mouvance islamiste comme cela avait été annoncé, malgré leur score aux législatives.
« Régime en difficulté »
Pour le chercheur Kader Abderrahim, la composition de cette équipe témoigne « d’un régime en difficulté, isolé, qui ressert d’abord les rangs au niveau du sérail ». Avec « ce nouveau gouvernement sans réelle nouveauté » sur le plan intérieur, l’opposante Zoubida Assoul dit regretter que le pouvoir algérien « reste sourd aux appels des Algériens », deux ans et demi après les premières manifestations du Hirak et dans un contexte de difficultés sociales aggravées par la pandémie de Covid-19.
Selon elle, il faut d’urgence une feuille de route pour sortir le pays de la crise économique et de la dépendance aux hydrocarbures, libérer les détenus politiques et garantir la protection des journalistes.
L’Algérie va avoir besoin d’un vrai ministre des Affaires étrangères car elle est isolée face à son frère ennemi, son rival marocain.
Kader Abderrahim, maître de conférences à Science Po Paris et directeur de recherche à l’IPSE