En Ouganda, le nouveau confinement mis en place mi-juin fait craindre aux associations une nouvelle augmentation des cas de mariages précoces dans le pays. Pendant la première vague de la pandémie l’année dernière, une augmentation des cas avait déjà été observée, liée notamment à la crise économique causée par les restrictions.
Avec notre correspondante à Kampala, Lucie Mouillaud
Depuis le début du nouveau confinement, Charlotte Kusemererwa, volontaire pour Joy for Children, appelle tous les jours les victimes de mariages précoces suivies par l’ONG. L’objectif : garder un contact minimum malgré la distance. « Par exemple pour cet appel, j’ai demandé des nouvelles des bébés, puis nous avons parlé de son travail pendant le confinement, et de comment vont les autres membres de la communauté. Mais les appels ne sont pas aussi efficaces que les visites. »
Les cas de mariages précoces augmentent depuis le début de la pandémie de Covid-19, et avec les nouvelles restrictions instaurées mi-juin, Charlotte s’inquiète des risques pour les jeunes filles. « On a plusieurs cas, par exemple récemment, nous nous sommes occupés d’une fille de 12 ans qui venait d’avoir un bébé, et ces cas arrivent plus souvent maintenant que les adolescents doivent rester à la maison. On les repère grâce aux groupes que nous avons organisés et formés dans les communautés. »
Principales raisons de cette augmentation: la fermeture des écoles et la crise économique liée à la pandémie. Moses Ntenga, directeur de Joy for Children. « Beaucoup n’ont pas assez pour se nourrir, alors les familles vont marier leurs filles pour de l’argent. Certaines adolescentes fuguent aussi, pour rejoindre un homme qui leur promet de la nourriture et une meilleure vie s’ils se marient. »
L’Ouganda est déjà l’un des pays avec le plus de cas de mariages précoces au monde : selon l’Unicef, une fille sur trois est mariée avant ses 18 ans.
Une fille mariée, c’est une bouche en moins à nourrir
Camille Romain Des Boscs, directrice de l’ONG Vision du Monde
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