Il y a une semaine, le gouvernement soudanais annonçait avoir décidé à l’unanimité de remettre à la Cour pénale internationale les suspects sous le coup d’un mandat d’arrêt. Trois responsables de l’ancien régime, dont l’ex-président Omar el-Béchir, sont ciblés par la Cour, ainsi qu’un rebelle du Darfour.
Avec notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas
C’est une nouvelle étape dans les relations entre la Cour pénale internationale et Khartoum, même si les suspects n’ont pas encore atterri à La Haye. Le nouveau procureur, Karim Khan, a déjà dit son intention de se rendre au plus tôt au Soudan. Le déplacement pourrait avoir lieu au cours de l’été. Mais il est néanmoins trop tôt pour savoir si les futurs procès se dérouleront à La Haye ou sur le sol soudanais. Pour le bureau du procureur, la priorité est de mettre fin à l’impunité des auteurs de crimes commis au Darfour.
Le véritable tournant des relations entre la Cour et Khartoum remonte à octobre 2020 et figure dans l’accord de paix de Juba. Il impose aux signataires de coopérer « pleinement et sans limite » avec la CPI. Dès sa signature, l’ex-procureure Fatou Bensouda s’envolait pour Khartoum. Huit mois plus tard, début juin, elle foulait le sol du Darfour, site des crimes reprochés à l’ex-président et ses anciens ministres.
Fait notable : depuis mars, ses enquêteurs ont aussi pu interroger des témoins sur le territoire même du Soudan. Une première pour la Cour depuis sa saisine par le Conseil de sécurité des Nations unies, en 2005. Khartoum avait ensuite mis fin à toute coopération suite à l’émission de mandats d’arrêts contre Omar el-Béchir pour génocide et crimes contre l’humanité.