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Algérie, la longue route vers l’indépendance

Le 5 juillet 1962, à Alger, on annonce l’indépendance du pays. Le cessez-le-feu a été proclamé quelques mois auparavant, au lendemain de la signature des accords d’Evian, en mars 1962, mettant ainsi un terme à huit années d’une guerre qui, longtemps, n’a pas voulu dire son nom entre la France et l’Algérie. Retour sur la chronologie des évènements de ce conflit qui a laissé des cicatrices profondes et douloureuses.

■ 8 mai 1945 : les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata

Alors que la France et ses alliés célèbrent la fin de la Seconde Guerre mondiale, un rassemblement est organisé en Algérie par les partis nationalistes algériens à Sétif, une ville du Constantinois, à 300 km à l’est d’Alger. Ils veulent mettre en avant leurs revendications dans ce département français où les inégalités entre Européens d’Algérie et Algériens était institutionnalisée (notamment en matière d’impôts, de justice pénale, de service militaire, d’accès à la fonction publique, de rémunération dans la fonction publique ou d’accès à l’enseignement). Un jeune homme de 22 ans arborant un drapeau algérien est assassiné par un policier. Des manifestants sont arrêtés, torturés et exécutés sommairement. Le bilan est très lourd : certains historiens parlent de 45 000 morts. Le mouvement de protestation s’étend dans les villages des alentours, notamment à Guelma et Kherrata. Cet événement est considéré comme fondateur de l’insurrection de 1954.

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■ 1er novembre 1954 : proclamation du Front de libération nationale

Le Front de libération nationale (FLN) est créé suite à plusieurs attentats contre des Français installés en Algérie. La lutte armée a commencé.

5 novembre 1954 : la France envoie des troupes en Algérie

François Mitterrand, ministre de l’Intérieur déclare : « L’action des fellaghas ne permet pas de concevoir […] une négociation […]. Elle ne peut trouver qu’une forme terminale, la guerre ». Une terrible machine répressive est mise en place sur le territoire algérien, mais aussi en métropole où la communauté immigrée est particulièrement surveillée. En 1954, le Mouvement national algérien (MNA), très implanté chez les immigrés algériens, dirigé par Messali Hadj fait scission avec le FLN. Rapidement, les rivalités entre les deux formations politiques, FLN et MNA, déchirent la communauté algérienne.

■ 1er avril 1955 : l’état d’urgence est proclamé

Quelques mois après la trentaine d’attentats de la « Toussaint rouge », les troubles dans les Aurès font estimer que la législation est « insuffisante pour faire face à une guerre civile ». L’Assemblée nationale proclame l’état d’urgence pour six mois en Algérie et légalise perquisitions, interdictions de séjour et assignations à résidence contre « toute personne cherchant à entraver l’action des pouvoirs publics ».

■ 11 septembre 1955 : la « question algérienne » à l’ONU

La question algérienne est l’ordre du jour de la dixième session de l’Assemblée générale de l’ONU. Un bureau de la délégation du FLN sera ouvert à New York en avril 1956, le FLN ayant décidé de mener une communication clairement tournée vers l’étranger « en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier avec l’appui de nos alliés naturels ».

■ 6 janvier 1956 : la « journée des tomates »

Lors d’un voyage à Alger, le tout nouveau président du Conseil, Guy Mollet, est confronté à la colère des Français installés en Algérie, les « pieds noirs », en raison de la nomination du général Catroux considéré par les Européens comme favorable aux négociations avec les Algériens indépendantistes. Guy Mollet décide l’envoi de rappelés et d’appelés du contingent dans les départements d’Algérie pour un effectif de 180 000 à 200 000 soldats. Au total, ce sont plus de 1,5 million de jeunes appelés qui ont participé au conflit algérien. Au retour, nombreux sont ceux qui se sont enfermés dans un mutisme révélateur du traumatisme vécu.

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■ 7 janvier 1957- 31 octobre 1957 : début de la bataille d’Alger

Le général Massu est chargé du maintien de l’ordre à Alger. Il commande la 10e division de parachutistes et entre dans la ville avec 8 000 hommes. Le FLN réplique par des attentats et une grève générale qui débute le 28 janvier. En réaction, l’armée divise la ville en secteurs et ceinture les quartiers « arabes ». C’est la bataille d’Alger. L’armée française généralise l’usage de la torture.

■ 8 février 1958 : le massacre de Sakiet-Sidi-Youssef

L’aviation française bombarde le village frontalier tunisien de Sakiet Sidi Youssef à la frontière algérienne. Sakiet Sidi Youssef  abrite en effet un cantonnement de rebelles algériens de l’Armée de libération nationale (ALN). Il y a plus de 70 morts et une centaine de blessés. Ce bombardement est considéré comme un élément important de la chute de la IVe République qui a mené au retour au pouvoir du général de Gaulle.

■ 12 février 1958 : Henri Alleg publie La Question

Directeur du quotidien Alger Républicain interdit en 1955, Henri Alleg est arrêté le 12 juin 1957. Dans La Question, il décrit les quatre semaines passées aux mains des parachutistes de l’armée française. La Question est un récit autobiographique dans lequel il décrit les sévices qu’il a subis.

■ 13 mai 1958-1er juin 1958 : l’arrivée du général de Gaulle

À Alger, Français et Algériens manifestent pour l’Algérie française. Le général Salan, commandant en chef des forces en Algérie, fraternise avec les manifestants, forme un comité de salut public présidé par le général Massu et déclare exercer le pouvoir. Ces évènements provoquent la démission de Pierre Pfilmin, président du Conseil. Le président René Coty fait appel au général de Gaulle. Il obtient son investiture le 1er juin par 329 voix pour et 224 contre. Il peut alors constituer son cabinet après consultation des chefs historiques des partis politiques. Le 4 juin, investi des pleins pouvoirs, de Gaulle se rend à Alger. Il prononce un discours, volontairement ambigu, dans lequel chacun peut s’y reconnaître et y projeter ses propres espérances. Son « Je vous ai compris » devient historique.

■ 19 septembre 1958 : un gouvernement pour l’Algérie

Le premier gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) voit le jour avec à sa tête Ferhat Abbas, figure du courant nationaliste. Le 23 octobre 1958, le général de Gaulle propose « la paix des braves ». Le GPRA la refuse.

■16 septembre 1959 : le droit à l’autodétermination des Algériens

Le général de Gaulle proclame le droit à l’autodétermination des Algériens en proposant la sécession, la francisation ou l’association. Le GPRA refuse et exige l’indépendance. Il désigne ses négociateurs : Ahmed Ben Bella, un des fondateurs du FLN, et ses compagnons détenus en France. De Gaulle refuse.

■ 24 janvier 1960 :  la semaine des barricades

Le droit accordé à la population algérienne de décider de son statut politique fait l’effet d’une bombe chez les partisans de l’Algérie française, qui considèrent cette politique comme un abandon de la part de la métropole. Quand le président de la République limoge le général Jacques Massu, qui commande le corps d’armée d’Alger, ils s’insurgent contre le pouvoir en place. À leur tête Joseph Ortiz, Jean-Jacques Susini et le député Pierre Lagaillarde. Le bilan de ces journées insurrectionnelles est estimé à 20 morts et 150 blessés. C’est ce qu’on a appelé « la semaine des barricades ».

Les soldats des unités gardes territoriales (UT) surveillent les nationalistes français qui s’insurgent contre la politique d’autodétermination de l’Algérie du président de Gaulle, le 28 janvier 1960 à Alger. © Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty

■ 8 janvier 1961 : référendum sur le droit à l’autodétermination

Algériens et Européens d’Algérie votent pour le référendum d’autodétermination de l’Algérie près de Tiaret au sud-ouest d’Alger, le 8 janvier 1961, pendant la guerre d’Algérie. © Jacques Landry / AFP

■ 1er février 1961 : création de l’OAS

L’Organisation de l’armée secrète (OAS) regroupe des activistes militaires et civils opposés à l’indépendance de l’Algérie. Elle a tué de nombreuses personnes dans des explosions, des attentats individuels ou collectifs à la fois en Algérie et en France.

■ 22 avril 1961 : le putsch des généraux

Les généraux français putschistes Edmond Jouhaud, Raoul Salan, et Maurice Challe (de G à D) quittent la délégation Générale, le 23 avril 1961 à Alger, après leur prise du pouvoir (avec le général Zeller) pour s’opposer à la politique algérienne du général de Gaulle. © AFP

■ 17 octobre 1961

Violente répression d’une manifestation d’Algériens à Paris qui protestaient contre un couvre-feu imposé aux Français musulmans de métropole. Des dizaines d’Algériens sont tués (peut-être entre 150 et 200), des corps sont retrouvés dans la Seine. Il y a des centaines de blessés et plus de 10 000 arrestations.

► À lire aussi : Les historiens algériens réclament l’accès en Algérie aux archives de la guerre

■ 25 février 1962

À Alger, trois jours de ratonnades et d’attentats font 109 morts.

■ 18 mars 1962

Signature des accords d’Évian. Un référendum a lieu en France, le 8 avril et en Algérie, le 1er juillet. 90,7 % des votants en métropole et 99,72 % des votants en Algérie approuvent les accords d’Évian.

■ 5 juillet 1962

L’indépendance de l’Algérie est proclamée.

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