Mi-mai, un rapport d’étape de la Chambre des comptes de la Cour suprême sur l’utilisation des fonds de la riposte contre le Covid-19 pointait du doigt de sérieuses anomalies financières, déclenchant ce qu’on appelle le « Covidgate ». Et alors que le rapport final pour 2020 est prêt, sa présentation à l’Assemblée a été annulée la semaine dernière, alimentant les accusations d’opacité de gestion de ces fonds. Il s’agit de quelque 167 milliards de francs CFA, soit plus de 250 millions d’euros.
Une présentation annulée au dernier moment sans explication et reportée sine die, des membres de la Chambre des comptes qui ont consigne de garder « bouche cousue », et voilà l’opposition qui s’interroge.
« Il est clair qu’on nous cache des choses » dit Cabral Libii, député du PCRN et candidat à la dernière présidentielle, qui s’étonne de l’adoption d’une ordonnance prévoyant une rallonge pour le Fonds spécial de solidarité nationale, portant le budget à 200 milliards de francs CFA, « alors qu’on ne sait pas vraiment où sont passés les 167 milliards dépensés l’an dernier ».
Les parlementaires d’opposition questionnent en particulier le recours systématique aux marchés spéciaux, c’est-à-dire sans appel d’offres, qui ferait gonfler la note et poserait des questions de traçabilité de l’argent public.
Tandis que le rapport final est toujours attendu, un document présenté comme une synthèse étayant les accusations de malversations circule depuis quelques jours. Nos interlocuteurs politiques refusent de s’engager sur son authenticité, estimant que « cette fuite est un outil dans un règlement de comptes entre gens du pouvoir »
Depuis la sortie du rapport d’étape à la mi-mai, des enquêtes ont été ouvertes, plusieurs ministres ont été entendus par le parquet du Tribunal criminel spécial, y compris, selon Jeune Afrique, le chef du gouvernement Joseph Dion Ngute.
Le gouvernement camerounais n’a pu être joint jeudi pour commentaire