Dans une nouvelle vidéo, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), la branche pro-État islamique de Boko Haram, affirme que le groupe d’Abubakar Shekau a rejoint ses rangs. Est-ce effectivement le cas ? Pour Vincent Foucher, chercheur au CNRS, des signaux vont dans ce sens, mais méritent encore d’être affinés.
Six semaines après la mort d’Abubakar Shekau dans une attaque contre son bastion de la Sambisa, le porte-parole d’Iswap se réjouit sur ces images de « l’unité retrouvée » entre les deux groupes rivaux. Mais pour Vincent Foucher, la situation demeure encore floue.
Ça semble indiquer qu’il y a bien un basculement d’au moins une partie des troupes de Shekau vers Iswap, la faction pro-État islamique. Maintenant, quand on regarde tout l’appareil, on sait qu’il y a une faction dans le nord du lac Tchad, à la frontière Tchad-Niger, dirigée par Bakura Doro, qui est réticente. Elle a aussi diffusé une vidéo se démarquant de l’Iswap et refusant de prêter allégeance mais, en même temps, en appelant à une sorte d’arbitrage de l’État islamique.
Au fond, tout cela est un peu confus et c’est en train de se jouer en ce moment. Ce qui est assez clair, c’est que Iswap est en position de force en ce moment dans cette zone. On a vu plusieurs attaques dans des zones traditionnellement contrôlées par Shekau. Les attaques ont été revendiquées au nom d’Iswap par les médias de l’État islamique.
Par ailleurs, un autre indice : on a vu une baisse des attaques contre les civils au Cameroun qui était un endroit où les troupes de Shekau faisaient beaucoup de petits pillages et de prédation contre les populations civiles. Cette baisse peut être un indice du fait que la doctrine de l’État islamique commence à être suivie par des groupes autrefois liés à Shekau.
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