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À la Une: le rapprochement entre la RDC et le Rwanda

Les deux pays ont signé ce week-end trois accords de coopération bilatérale. « Le premier, précise le site Actualités CD, sur la promotion et la protection des investissements. Le deuxième est une convention pour éviter la double imposition et éviter l’évasion fiscale. Enfin, le troisième accord porte sur l’exploitation de l’or entre deux sociétés, congolaise et rwandaise. »

Objectif, relève Jeune Afrique : « assurer la traçabilité » du métal jaune « afin de priver les groupes armés des revenus issus de cette filière. […] « Les groupes armés qui tirent des revenus pour financer la guerre avec de l’or ne pourront plus se permettre d’exploiter ou de revendre auprès des acheteurs sur les marchés internationaux », a souligné la présidence congolaise. »

Et Jeune Afrique de rappeler que « les relations entre la RDC et le Rwanda ont toujours été difficiles. La RDC a connu deux guerres entre 1996-97 et 1998-2003, qui ont déstabilisé en profondeur le Kivu, région congolaise frontalière. Ces conflits ont impliqué les nombreuses milices et les armées de plusieurs pays voisins, en particulier du Rwanda. Depuis, la RDC a régulièrement accusé son voisin de déstabiliser sa partie orientale en soutenant des groupes armés. Mais, depuis l’élection de l’ex-opposant Tshisekedi, un climat de détente s’est installé. »

Aller de l’avant !

Un rapprochement qui fait grincer des dents une partie de l’opinion en RDC. En effet, pointe le site congolais Cas-Info, « certains auraient souhaité d’abord que le Rwanda réponde des actes qui lui sont reprochés dans la question de l’insécurité que notre pays connaît dans sa partie est depuis 1994. Et c’est légitime que de penser ainsi. Mais en réalité, poursuit Cas-Info, aller dans ce sens nous aurait fait perdre du temps et causer plus de mal que de bien. Ramener un adversaire dans un même projet tout en veillant sur les conditions du deal est plus efficace que continuer à se regarder en chien de faïence, comme l’a si bien dit le chef de l’État congolais. Cette stratégie fait de votre adversaire d’hier votre compagnon et mieux votre défenseur. » Une stratégie, pointe encore Cas-Infos, qui « doit être portée dans les relations avec nos autres 8 voisins pour que nous nous assurions une paix durable. »

Infléchir le cycle de la violence

Le site Afrikarabia, spécialisé sur les pays des Grands lacs, est sur la même ligne : « Il semble bien que la solution pour retrouver les chemins de la paix au Congo passe bien par Kigali, mais aussi par Kampala et Bujumbura. Une solution qui doit certes être militaire, mais surtout politique, afin d’éviter le cycle sans fin des accords de paix non respectés et des démobilisations ratées. Félix Tshisekedi l’a bien compris. Pour afficher un bilan présentable à la présidentielle de 2023, où il devrait briguer un second mandat, le chef de l’État congolais doit faire infléchir le cycle de la violence à l’Est et redonner de l’air à l’économie congolaise. Si tout ne viendra pas du Rwanda voisin, conclut Afrikarabia, l’amorce de la solution s’y trouve sans doute. »

Un rapprochement de raison

« La nouvelle dynamique que les deux dirigeants rwandais et congolais veulent impulser aux relations de leurs deux pays est un rapprochement de raison, renchérit Le Pays au Burkina Faso. Car, il intervient à un moment où l’insécurité reste persistante dans la région frontalière, malgré les mesures prises par Félix Tshisekedi, qui a décrété, le 30 avril dernier, l’état de siège dans les provinces orientales de l’Ituri et du Nord-Kivu. Avec les mesures draconiennes qui vont avec en termes de remplacement de l’administration civile par une administration militaire, pour essayer d’endiguer le mal. […] C’est dire, poursuit Le Pays, si le chef de l’État congolais joue, quelque part, sa réélection avec cette question sécuritaire dans cette partie orientale de la RDC, où l’on dénombre plus d’une centaine de groupes armés. En tout état de cause, si le Rwanda de Paul Kagame a pu aplanir ses divergences avec un pays comme la France dans la, ô combien difficile et sensible, question du génocide au point d’en arriver aujourd’hui à un réchauffement des relations, il n’y a pas de raison, estime le quotidien ouagalais, qu’il ne puisse pas le faire avec son voisin congolais pour des questions qui n’ont pas a priori la même envergure. C’est une question de sincérité et de volonté politique qui a besoin, au-delà des paroles, de se traduire en actes concrets sur le terrain. Reste maintenant à espérer que cela puisse produire les effets escomptés. »

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