Réactions à Goma en RDC, après la récente visite du président rwandais dans cette ville volcanique au Nord-Kivu pour une rencontre bilatérale avec son homologue congolais Félix Tshisekedi. Lors d’une conférence de presse samedi après midi, Paul Kagame a exhorté les congolais et les rwandais à tourner la page du passé, à regarder vers l’avenir et à vivre ensemble. Les habitants de Goma ne sont pas restés indifférents à ce message.
Avec notre envoyé spécial à Goma, William Basimiké
Les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi se sont retrouvés ce week-end à Gisenyi puis Goma à la frontière congolo-rwandaise, où ils ont scellé de nouveaux accords et une nouvelle alliance. Les deux dirigeants affirment vouloir tourner la page et entrer dans une nouvelle ère.
Sur le rond-Point Signers dans la commune de Goma, l’appel du président rwandais est apprécié différemment. Anselme Muhindo est revendeur du carburant : « Nous, nous pouvons accepter si cela vient du fond de son coeur. Si le Rwanda désire ce « vivre ensemble », il ne doit plus répéter les erreurs du passé. Il ne faut plus que les rebelles ou l’armée rwandaise viennent envahir le Congo pour que cette collaboration puisse exister. Mais il faut aussi que Kagame accepte de dialoguer avec les FDLR car ils viennent du Rwanda. »
Un peu plus loin Michaelle Mahamba, trentenaire, affirme n’avoir jamais connu une vie de bonheur à cause des troubles sécuritaires entre la RDC et le Rwanda. Pour elle, il faut une réparation :
« Ah ! Moi je crois que c’est de l’hypocrisie car jamais le Rwanda et le Congo seront en bons termes vu le nombre de victime des massacres. Moi je n’y crois pas. Je pense que Kagame veut échapper à la justice. Le Rwanda est impliqué et il doit assumer. »
Assis sur sa moto, Kiza Katembo Henry relativise : « Nous les Congolais, nous ne sommes pas rancuniers, nous pardonnons facilement et nous oublions facilement. Vous vous rappelez quand Kagame a déclaré qu’il n’y a jamais eu des massacres dans l’est de la RDC ? Nous avions déjà pardonné. Nous sommes prêts à recommencer avec lui. Nous collaborons avec les Rwandais qui passent chez nous pour venir travailler. Nous aussi nous traversons la frontière pour aller au Rwanda, et nous n’avons pas de problème. »
Mais les conclusions tirées de ce week-end de rencontres ne conviennent au défenseur des droits humains Dismas Kitenge, président du groupe Lotus, une ONG affilié à la FIDH.
Dismas Kitenge
Cependant, d’autres habitants voient dans les récentes déclarations de Paul Kagame, une sorte de repentance après sa récente sortie médiatique sur RFI et France 24. Paul Kagame avait estimé que le rapport Mapping des Nations unies était controversé, et que d’autres rapports avaient conclus à l’absence de crimes en RDC. Des propos qui ont choqué la société civile du Sud-Kivu
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