Le marché d’Anié est l’un des principaux pourvoyeurs de céréales vers le sud du pays où se trouve la capitale Lomé. Il s’anime trois jours par semaine : mardi, mercredi et jeudi. Mais cette année, faute de mauvaises récoltes, les acheteurs peinent à trouver ce qu’ils recherchent.
Cette année, les commerçantes qui viennent se fournir en gros dans ce gigantesque marché pour vendre ensuite sur les marchés de Lomé ont toutes la même lamentation : les prix sont chers et les produits manquants, rapporte notre envoyé spécial à Anié, Peter Sassou Dogbé.
« L’an dernier on a eu la pluie mais pas cette année, rien n’a marché dans les champs. Du coup tout est cher. Et pas seulement le maïs, le haricot est passé à 1700 FCFA… Normalement les fermes qui ont du stock nous le revendent, mais même ça on n’en trouve pas », raconte une vendeuse. L’année dernière à la même période, le maïs était vendu à 350 francs le bol, il est passé à 600 et 650 sur le marché à Anié
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« Normalement les ignames devraient être disponible en ce mois de juin mais nous n’en avons pas, nous vendons les tubercules de l’année passée », témoigne une autre. La dernière saison agricole a été mauvaise, faute de pluie.
À Lomé, le bol de maïs est vendu ensuite à 800 FCFA. La vie est devenue chère pour les Togolais. La dernière session de la conférence des évêques du pays invite les autorités et toutes les institutions « à prêter une vigilante attention à ce défi à relever ».
Une hausse des prix qui devrait durer
Alors comment expliquer cette hausse du prix du maïs, céréale à la base de l’alimentation au Togo ? Par plusieurs raisons : locales, régionales et même mondiales, car cette augmentation, elle concerne aussi les autres céréales et l’ensemble de la planète.
D’abord au niveau local, au Togo comme dans les autres pays ouest-africains, la dernière récolte a été perturbée par les intempéries. Les inondations ont abîmé des champs. Résultat : les stocks de céréales sont bas.
La période de soudure commence à peine et déjà les prix sont élevés. Ils ne baisseront pas de façon significative tant que la nouvelle récolte n’arrivera pas sur les marchés.
L’accalmie climatique devrait être de courte durée. La nouvelle campagne agricole est elle-même à nouveau perturbée par la météo. Cette fois, c’est la sécheresse qui inquiète les producteurs qui, du coup, préfèrent étaler dans le temps la vente de leurs marchandises, ce qui contribue à maintenir des prix élevés.
Et il faut s’attendre à ce que cela dure dans un contexte généralisé de hausse des prix des céréales et des matières premières au niveau mondial. Sur le marché international, le cours du maïs a flambé, presque doublé par rapport à l’an dernier.
Là encore, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Des conditions climatiques peu favorables ont entraîné des récoltes inférieures aux prévisions aux États-Unis, au Brésil ou encore en Ukraine, grand producteur de maïs, alors que la demande en céréales reste forte.