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RDC: la Cenco s’inquiète pour la cohésion nationale et dénonce une justice corrompue

Après les critiques du président Felix Tshisekedi contre l’appareil judiciaire, place aux évêques catholiques sur un ton encore plus ferme. Réunis au sein de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), ils ont dénoncé dans un message publié lundi à Kinshasa, au terme de leur assemblée générale les maux de la justice congolaise, ternie, selon les évêques, par des antivaleurs qui menacent, selon eux, la cohésion nationale.

Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa

Les évêques ont d’abord relevé un contraste dans leur message dévoilé comme de coutume, par l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la Cenco. Les réserves de change ont certes doublé à la Banque centrale, passant officiellement de 500 millions de dollars à 1,2 milliard dollars, mais la majorité de la population continue de faire face à l’extrême pauvreté.

« Curieusement, à côté d’elle, il y a encore et toujours une poignée de compatriotes qui s’enrichit de façon scandaleuse et sans cause. Cette situation a aussi un impact négatif sur la cohésion nationale dans la mesure où elle creuse davantage le fossé entre les riches et les pauvres. »

Cette cohésion est aussi menacée par la justice mal rendue, affirment les prélats catholiques sur un ton ferme. « La justice est gangrénée par la corruption et instrumentalisée par le politique. Pour beaucoup de nos compatriotes, l’appareil judiciaire est perçu comme une officine de combines, un espace de règlement de comptes et de cautionnement des injustices. La corruption, hélas, semble être le principal moyen pour gagner un procès ».

« Le droit cède la place au clientélisme, au régionalisme, au tribalisme et au népotisme. La cohésion nationale est ainsi mise à mal, particulièrement quand la justice est exploitée pour écarter les concurrents politiques ». Un réquisitoire sévère, auquel s’ajoute une remontrance lorsque les évêques fulminent contre les députés et sénateurs appelés à ne pas « abuser des immunités parlementaires pour échapper à la justice ».

Les prélats ont regretté qu’en dépit des changements politiques salués, les institutions politiques pèsent encore lourdement sur les finances de l’Etat, avec un train de vie qui alimente aussi des inégalités sociales.

Les évêques se sont également inquiétés du climat avant les élections pour lesquelles ils ont d’ailleurs appelé les Congolais à demeurer « vigilant » afin qu’elles se tiennent bien en 2023. Selon les évêques, la politisation de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), avec la prédominance de la nouvelle majorité au pouvoir, « ne rassure pas tous les acteurs politiques et sociaux, et ne garantit pas un processus électoral crédible ».

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