Vendredi, Addis-Abeba a accusé l’envoyé spécial de l’UE d’avoir tenu des propos mensongers, aux relents colonialistes.
Avec notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh
Les Éthiopiens font référence à une réunion, mardi, entre le Finlandais Pekka Haavisto et un comité du Parlement européen durant laquelle l’envoyé spécial a accusé le pouvoir éthiopien de vouloir « éradiquer le peuple Tigréen pour 100 ans ».
Ce sont peut-être les propos les plus critiques adressés au pouvoir éthiopien depuis le début de la guerre au Tigré. En février, le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto s’est rendu à Addis-Abeba où il a rencontré le Premier ministre, son adjoint ou encore le ministre de la Paix.
Or lors du briefing en ligne avec les parlementaires européens, l’envoyé spécial a rapporté que plusieurs hauts responsables éthiopiens avaient tenu des propos extrémistes envers les Tigréens.
« Les représentants éthiopiens ont vraiment utilisé ce genre de langage, qu’ils allaient détruire les Tigréens, qu’ils allaient les éradiquer pour un siècle. Pour moi ça fait référence à de très sérieuses atrocités, violations des droits de l’homme et crimes. Si vous éradiquez une minorité entière. Vous ne pouvez pas détruire toute la population du Tigré. Il est évident que nous devons réagir à ce qui ressemble à un nettoyage ethnique. C’est très sérieux, si c’est vrai. »
On ne sait pas quels officiels auraient fait ces déclarations. En tout cas la réaction éthiopienne a été virulente. Le ministère des Affaires étrangères a démenti, estimant que Pekka Haavisto avait eu « une hallucination ou un trou de mémoire ». Addis-Abeba a accusé le diplomate de « mensonges éhontés », de « propos grotesques manquant de contexte et de compréhension », ajoutant que l’envoyé spécial démontrait « son état d’esprit colonialiste et auto-satisfait ».
« Dans ces conditions il nous est difficile d’accepter M. Haavisto comme un intermédiaire crédible », a conclu le ministère. Une phrase diplomatique pour dire que le Finlandais n’est plus bienvenu à Addis-Abeba.
La province du nord du pays est en proie à un conflit entre l’ancien pouvoir régional et le pouvoir fédéral. La guerre a fait des milliers de morts, des millions de déplacés et la situation humanitaire est désastreuse.