Il y a un peu plus de trois mois, le groupe d’expert des Nations unies sur les mercenaires avait tiré la sonnette d’alarme au sujet de graves « violations des droits des droits l’homme » imputables à des paramilitaires russes en Centrafrique. Les experts avaient dénoncé un recours accru à ces sociétés de sécurité privée par les autorités en butte à une nouvelle rébellion depuis les élections de décembre.
Exécutions sommaires massives, détentions arbitraires, tortures et autres disparitions forcées… Les accusations portées contre les trois entités russes pointées dans le rapport du groupe d’experts de l’ONU sont très lourdes. Dans une note rédigée dans la foulée qui vient seulement d’être rendue publique, la Russie dit regretter des « allégations » qui reposent sur « des informations non vérifiées, largement tirées des médias » et qui sont approximatives ». Et comme à son habitude, elle dénonce au passage ce qu’elle qualifie de « communication politiquement motivée ».
Les experts de l’ONU avaient également pointé l’opacité qui entoure la présence de ces paramilitaires russes en Centrafrique, notamment leur statut et la base légale sur laquelle ils opèrent. La Russie réagit sur ce point également. Les quelque 500 instructeurs présents en Centrafrique fin avril y étaient à la demande des autorités légitimes du pays, pour « aider à la formation des forces de défenses et de sécurités locales ». Des hommes qui « ne sont pas armés et ne participent pas aux hostilités », assure cette note, malgré de nombreux rapports d’ONG locales et de l’ONU qui disent le contraire.
Le mercenariat, un crime en Russie
Mais est-ce une manière de prendre de la distance avec ces paramilitaires ? La note rappelle que le mercenariat est un crime en Russie et que la loi ne reconnaît pas l’existence de sociétés de sécurité privées. Par conséquent, dit-elle, les trois entités incriminées sont inconnues au bataillon dans ce pays.
La Russie estime également que la présence en Centrafrique de citoyens russes dans le cadre de contrat privés avec des sociétés non étatiques ne l’engagent pas, avant de rappeler qu’ils peuvent être poursuivis à titre personnel devant les juridictions de ce pays, s’ils y ont commis des crimes.