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Centrafrique: les entreprises peinent à recruter des travailleurs formés

Financé par une taxe de 2% sur les salaires et des appuis internationaux, l’Agence centrafricaine de formation professionnelle et de l’emploi œuvre pour l’insertion des jeunes et des femmes en priorité, mais se retrouve débordée par l’ampleur de la tâche. Chefs d’entreprise et formateurs qui s’accordent sur un point : la solution passe par une réforme du système éducatif centrafricain.

De notre correspondant à Bangui,

Les crises successives traversées par la Centrafrique n’ont pas seulement mis à terre l’économie, mais aussi le système éducatif… Plus de la moitié des jeunes en âge d’aller à l’école est aujourd’hui déscolarisée.

Pour Isabelle Dessande directrice générale de Sofia, une entreprise de micro-crédit : « Les établissements scolaires qui ont connu des années blanches, les niveaux de formation qui ont drastiquement baissé… Aujourd’hui en République centrafricaine, il y a des zones dans lesquelles il n’y a même pas d’établissements scolaires. Des jeunes qui n’ont pas été à l’école, sont aujourd’hui des jeunes hommes en état d’activité sans aucune formation. Qu’est-ce que vous en faites ? », demande-t-elle.

Manque de qualification

80% des 20 – 30 ans survit en évoluant dans le secteur informel peu valorisé par les entreprises. « Ces jeunes qui, des fois, ont perdu leurs parents, qui n’ont plus les moyens, ont besoin d’un accompagnement et que l’on reconnaisse le travail qu’ils font, même si c’est dans l’informel. C’est cela qui contribue au développement de ce pays », soutient Pamela Derom, présidente du Conseil de la jeunesse.

Le problème n’est donc pas la quantité de main d’oeuvre disponible, mais l’absence de qualification. « Par exemple, il ne faut pas moins d’un an pour former un plombier. La mécanique, la couture, l’électricité, nous avons beaucoup de pénuries de main d’oeuvre dans ces domaines », explique Pierrot Yoele, directeur général de l’Agence centrafricaine de formation professionnelle et de l’emploi.

Le paradoxe du marché du travail centrafricain

Preuve que la volonté est là, pour 600 places de formation disponibles, l’agence a reçu plus de 18 000 candidatures. Côté entreprises, Isabelle Dessande dit recevoir au moins 500 CV par offre d’emploi.

« C’est tout le paradoxe de notre marché du travail. D’un côté des jeunes disponibles et qui veulent travailler, et de l’autre des entreprises qui recherches des gens », dit Thierry Max Christian Zuma, directeur de la formation à l’AFCPE. Puis d’ajouter : « Le problème vient du fait que les formations qui sont offertes aux jeunes centrafricains ne tiennent pas compte des besoins des entreprises en terme de personnel et de compétences. Le problème, c’est le système éducatif centrafricain. 

Objectif : l’alternance ?

Les solutions proposées ? Formaliser et moderniser les circuits d’apprentissage traditionnels. Mais aussi, ouvrir des centres de formation technique efficaces et bien équipés. Enfin et surtout : développer l’alternance. Encore faut-il que les entreprises y trouvent leur compte.

Beaucoup préfèrent encore recruter à l’étranger un employé opérationnel plutôt que d’investir dans une formation longue et coûteuse, sans garantie que l’apprenti n’ira pas chez la concurrence. Pour appliquer ces solutions tous appellent de leur vœux à la mise en place d’un cadre de concertation public-privé.

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