Il y a dix ans, la société nationale de l’électricité, la SNEL, expérimentait un système de prépaiement pour les abonnés au réseau. Ce système devait permettre de résoudre les problèmes de fraude à la consommation et de renflouer les caisses de l’entreprises. L’expérience est-elle concluante ?
De notre correspondante à Lubumbashi,
Dans la commune Katuba, à Lubumbashi, cela fait une année que les abonnés de la société nationale de l’électricité SNEL consomment l’énergie électrique en mode de prépaiement. Avant cette période, la facturation était mensuelle et forfaitaire soit près de 20 dollars.
Papy tient sa cabine téléphonique. Il se dit satisfait du nouveau mode de facturation, car avec 5 000 francs, équivalant de 2,5 dollars, il se procure du crédit énergie pour tout un mois. « La facturation en mode de prépaiement est très avantageuse, car chacun consomme l’énergie électrique dont il a besoin et nous avons l’électricité en permanence. En plus pour économiser le crédit énergie, pendant la journée par exemple, on doit éteindre les ampoules », dit-il.
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« On n’arrive pas à couvrir le mois »
Ce qui n’est le cas d’autres quartiers de la ville ou les abonnés sont soumis au même mode de facturation. Ils ne sont pas correctement approvisionnés en énergie électrique, comme le témoigne de Patrick, habitant le quartier Gécamines
« Au début, c’était intéressant. On achetait le crédit énergie pour 5 000 ou 10 000 francs. Même si on branche un congélateur, une télé ou une cuisinière, on consommait cela jusqu’à la fin du mois. Actuellement ce n’est plus possible, le minimum qu’on peut dépenser c’est 30 000 francs et on n’arrive pas à couvrir le mois. Qu’est-ce qu’on fait ? Pendant la journée, on consomme l’énergie en mode de prépaiement et le soir, on fait le raccordement frauduleux pour consommer gratuitement l’énergie électrique », explique Patrick.
Une réussite selon la SNEL
Depuis 2010, sur 175 000 abonnés de la région du Katanga, 19 000 sont facturés en mode de prépaiement soit un peu plus de 10 %. Malgré les difficultés que rencontrent les clients, la SNEL estime quant à elle que la phase expérimentale est une réussite.
« Sur le plan commercial, on n’édite plus des factures, on ne fait plus des campagnes de relevé des index et même des recouvrements », dit William Ngoy, le directeur commercial à la SNEL, dans la région du Katanga. « Sur le plan technique, nous constatons que les endroits où l’on a placé ces compteurs, les cabines électriques sont moins saturées, on n’a pas assez de problèmes avec les câbles, les gens utilisent rationnellement leur énergie et nous en avons encore un peu plus pour donner à d’autres clients. »
Après cette phase, la SNEL compte étendre ce mode de facturation à plus d’abonnés afin de réduire le gaspillage de l’énergie électrique et ainsi la redistribuer aux Congolais qui n’en ont pas accès.