LE JOURNAL.AFRICA
SÉCURITÉ

Fin de Barkhane: le Mali face au désengagement militaire français au Sahel

Il n’y a pas encore de commentaires officiels dans les capitales sahéliennes concernées par la décision de mettre fin à l’opération Barkhane. À Bamako, où le coup d’État mené il y a trois semaines par le colonel Assimi Goïta a crispé la France, la junte au pouvoir n’a toujours pas réagi ce vendredi 11 juin, mais le pays va devoir faire face à de nombreux défis.

 

Avec notre correspondant à Bamako, Kaourou Magassa

Les tenants du pouvoir et les nouvelles autorités au Mali n’ont toujours pas publiquement commenté la décision d’Emmanuel Macron. Mais l’on sait déjà que l’ambassadeur de France a été reçu jeudi au ministère des Affaires étrangères, avant la prise de parole du président français et les deux pays continuent de se parler à travers les canaux officiels, nous affirme-t-on.

L’exécutif est aujourd’hui beaucoup plus préoccupé par la formation d’un gouvernement d’union nationale. Celui-ci devrait être annoncé d’ici dimanche et sera en charge de redéfinir un nouveau chronogramme, les objectifs des réformes à initier durant la transition malienne.

►À lire aussi : Fin de Barkhane: «C’est la reconnaissance que la stratégie définie par la France n’a pas fonctionné»

La classe politique partagée

La classe politique et des groupes armés signataires des accords de paix d’Alger, que RFI a pu joindre, ont réagi et les points de vue sont nombreux et ils divergent. Certains, jugent les résultats dans la lutte contre le terrorisme insuffisants et souhaitent un retrait total de l’armée française, à l’inverse de l’ancien ministre Moussa Mara et fondateur du parti Yéléma, pour qui ce changement majeur et nécessaire.

C’est notre crise, notre problème principalement. Il faut que nous soyons devant. Nous sommes responsabilisés, c’est à nos autorités et nos armées de montrer que nous serons en mesure de relever les défis.

L’ancien ministre Moussa Mara et fondateur du parti Yéléma

Pour lui, il s’agit d’une crise malienne et principalement d’un problème malien, et c’est aux autorités armées de montrer qu’ils seront en mesure de relever le défi de la lutte contre le terrorisme. Il appelle tout de même à maintenir et poursuivre la coopération avec la France.

Cela n’empêche que pour bon nombre d’acteurs, l’inquiétude de voir les terroristes reprendre les positions dans les grands centres urbains et une multiplication des attaques, se fait sentir. Sous-équipée, l’armée malienne dépend encore grandement du soutien logistique et aérien de la France.

Il y a d’autres groupes terroristes qui sont dans le Sahel et qui sont très dangereux. Et si la France se retire définitivement aujourd’hui comme ça, ça risque de leur laisser un boulevard. Pour cela, nous avons quand même besoin de la France.

Boubakar Yalkoué du Collectif pour le développement de la République

Une partie de l’opinion malienne excédée

Une partie de l’opinion est excédée par le président français. Ses prises de position sont jugées unilatérales et arrogantes. À l’usure d’Emmanuel Macron, face à un État auquel il ne veut pas se substituer, les Maliens répondent leur agacement. L’épineuse question du dialogue avec les terroristes est une ligne de fracture entre la France et le Mali.

Pour Paris, c’est une ligne rouge à ne pas franchir, tandis que pour les Maliens c’est une décision souveraine, décidée avec toutes les forces vives de la nation et une solution pour mettre fin à près d’une décennie de guerre. La plupart des Maliens sont résignés face à cette situation et demandent véritablement que la guerre puisse se terminer le plus rapidement possible.

►À lire aussi : Sahel: la France veut changer de cadre et de stratégie dans la lutte contre le terrorisme

Articles similaires

Ituri : quatre miliciens de CODECO tués par les FARDC

OKAPI CONGO

Ituri : un détenu tué lors des combats entre les FARDC et des miliciens à Biakato

OKAPI CONGO

Le chef de la rébellion rwandaise des FDLR tué en RDC

BBC AFRIQUE
Verified by MonsterInsights