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Massacre de Solhan: la piste jihadiste se confirme

Près de 72 heures après le massacre de Solhan dans l’est du Burkina Faso, aucune revendication n’a encore été diffusée. Mais deux groupes jihadistes opèrent dans la zone.

Le village Solhan, où a eu lieu l’attaque la plus meurtrière que le Burkina Faso a connue depuis six ans, est situé juste au sud de la zone dite des « trois frontières ». Cette région où se rejoignent le Mali, le Burkina Faso et le Niger a été ces dernières années le théâtre de nombreuses exactions envers les populations civiles, mais aussi d’affrontements avec les forces antiterroristes.

L’organisation État islamique au Grand Sahara (EIGS) en avait été chassée au cours de l’année 2020 par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à al-Qaïda) à l’issue d’intenses combats. Mais depuis quelques semaines, des signes montrent que l’EIGS fait son retour dans la région. En témoignent les cas de trois civils accusés de vol et amputés chacun d’un pied et d’une main par les jihadistes près de la localité d’Ansongo au Mali, au début du mois de mai.

Les méthodes de l’organisation État islamique sont souvent expéditives. Les massacres perpétrés au Tillabéry au Niger où au moins 58 personnes sont mortes dans une attaque terroriste près de Banibangou en mars dernier en sont un terrible exemple.

La piste d’un retour vengeur de l’EIGS dans la zone est donc envisagée par certains spécialistes qui signalent des mouvements de ce groupe venu du sud et de la frontière béninoise, où ils s’étaient réfugiés. Si le massacre de Solhan ressemble aux méthodes de l’organisation État islamique, celle-ci aurait démenti en être responsable, indique une ONG implantée localement.

Les Volontaires pour la défense de la patrie ciblés

D’autres observateurs défendent une deuxième hypothèse. Selon eux, c’est un camp de VDP, les Volontaires pour la défense de la patrie, qui a été visé par les jihadistes. Ces supplétifs ont été mis en place pour appuyer l’armée dans la lutte antiterroriste. Leur mission : « servir d’agents de renseignement », et tenter aussi de « résister en cas d’attaque », en attendant l’arrivée de l’armée. Le camp de Solhan est le dernier de ce genre dans la zone, où il ne reste également qu’un bataillon de l’armée, à Sebba.

Selon l’un de nos interlocuteurs, « ce camp de VDP était ciblé par certains membres du GSIM, ceux de la Katiba Serma et d’Ansarul Islam ». Un autre spécialiste ajoute que« cela fait suite à la participation de ces VDP dans différentes opérations militaires conjointes avec l’armée burkinabè ». Les assaillants auraient attaqué directement le camp, puis poursuivi ses membres sur le site d’orpaillage, où les mineurs et les civils auraient été mêlés aux tirs, expliquant le nombre impressionnant de décès (au moins 138 selon le bilan officiel, 160 d’après des sources locales).

Mines d’or fermées

La zone est en effet connue pour ses nombreuses mines d’or, exploitées artisanalement par des mineurs venus de tout le pays. « Solhan est un gros village, il y a beaucoup de personnes qui y habitent à cause de l’or, plus de 30 000 personnes, indique le maire de Sebba, Hamadi Boubakar. Les personnes qui ont été attaquées viennent d’un peu partout de la province. Il y a même des gens de Bouri, chef-lieu de la région, il y a des gens de Sebba, il y a des gens de villages environnants. Il y a plusieurs nationalités ».

Le pillage serait-il un autre mobile pour l’attaque de Solhan ? Selon une étude menée par l’Observatoire économique et social du Burkina (OES), depuis 2016, les terroristes ont récolté plus de 140 millions de dollars (soit environ 70 milliards francs CFA) dans les attaques contre les mines et l’exploitation artisanale de l’or.

Dans un communiqué publié le 6 juin, le gouverneur de la région du Sahel, le colonel major Salfo Kaboré annonce « la fermeture de tous les sites aurifères artisanaux » des provinces de l’Oudalan et du Yagha.

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