La juge Martha Koome vient d’être nommée cheffe de la Cour suprême par le président Uhuru Kenyatta. Forte de 33 ans d’expérience en droit, elle est renommée pour être une fervente défenseure des droits des femmes et des enfants.
Avec notre correspondante à Nairobi, Albane Thirouard
Cette prise de fonction a été qualifiée « d’historique » par les médias locaux pour celle qui devient ainsi la première femme à diriger l’une des trois branches de l’État au Kenya.
Sa nomination a été validée mercredi par le Parlement kényan après un processus très compétitif qui n’était pas gagné d’avance. Parmi les dix candidats, Martha Koome ne partait pas favorite. Mais pendant ses quatre heures d’audience télévisée devant la commission judiciaire, son ton calme a plu. Et son passé de défenseure des droits humains a pesé en sa faveur.
L’avocate s’est en effet faite connaître en défendant des prisonniers politiques sous le régime de l’ancien président Moi. Issue d’une famille polygame de 18 enfants, elle s’est ensuite positionnée comme une fervente défenseure des femmes et des enfants. Notamment en œuvrant pour mieux protéger leurs droits dans la Constitution de 2010.
Sa prise de fonction intervient dans un contexte sensible au Kenya, à un peu plus d’un an des élections alors que la Cour suprême est responsable du contentieux électoral. Surtout, les relations sont tendues entre l’exécutif et le judiciaire. Un différend entre son prédécesseur et le chef d’État a ainsi retardé la nomination de 40 juges. Et la semaine dernière cinq juges ont déclaré que le processus de réforme constitutionnelle voulue par le président Kenyatta était illégal.
Martha Koome devra aussi faire face à un système judiciaire marqué par des retards dans les procès, un sous-financement et de la corruption. Se définissant comme « une juge qui regarde la société », elle s’est engagée à relever ces défis. « Les Kényans se sentiront en sécurité avec moi », a-t-elle affirmée.
Cette nouvelle nomination fait suite au départ à la retraite en janvier dernier du juge David Maraga, qui avait atteint l’âge limite de 70 ans. Aujourd’hui âgée de 61 ans, Martha Koome pourra donc occuper le poste jusqu’à ses 70 ans également, avec l’option d’un départ à la retraite anticipé à 65 ans.