Alors qu’à Paris, la situation de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, est au menu de la rencontre entre le président français et son homologue mozambicain, à Pemba, capitale de la région, le flux de déplacés fuyant la violence près de la frontière tanzanienne continue.
Avec notre envoyée spéciale à Pemba, Liliana Henriques
Pemba était connue il n’y a pas si longtemps comme un petit bout de paradis touristique au bord des eaux turquoises de l’océan Indien. Depuis un peu plus de trois ans, Pemba est devenue le refuge des milliers de déplacés qui fuient la violence près de la frontière tanzanienne.
Le 24 mars dernier, la ville de Palma a été envahie. Mumade Ali, 27 ans, tailleur, s’est enfui avec quatre membres de sa famille. Il a pris la mer et a été surpris par les terroristes qui lui ont pris tout ce qui lui restait. Il est maintenant hébergé dans un gymnase à Pemba comme des centaines d’autres personnes qui n’ont pour seul bien qu’une natte et un baluchon.
« Je me suis enfui le jour de l’attaque et quand on arrivait sur une île, nous avons été interceptés par un groupe de terroristes. Ils nous ont tout pris. Nous avons survécu. Ma sœur est restée avec ses enfants à Palma, je n’ai aucune nouvelle. »
Parmi le flot de déplacés qui continuent d’arriver par bateau au port de Pemba, certains sont attendus. Ils se retrouveront non loin de là, dans un quartier aux ruelles étroites avec des habitations faites de bois et de tôle. Un membre de la famille les hébergera. Josina Fernandes vit depuis six ans à Pemba. Elle vient de Macomia, plus au nord. Elle accueille 36 personnes chez elle.
« Ici, nous sommes 36. Ils dorment sous la moustiquaire, d’autres sur des nattes, d’autres sur des draps. Nous dormons comme ça. Pour manger, nous avons de l’aide. »
Selon des chiffres officiels, depuis le début des attaques au nord du Mozambique, plus de 2 500 personnes ont été tuées et quelque 700 mille autres sont maintenant des déplacés internes, sur une population qui compte 30 millions d’habitants.
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