Les gouverneurs du sud du Nigeria ont adopté une résolution pour interdire la transhumance et le pâturage libre dans leurs Etats. Une décision qui vise à lutter contre l’insécurité, et à faire taire le conflit entre éleveur et agriculteurs, qui a fait des milliers de morts ces dernières années au Nigeria.
Avec notre correspondant à Lagos, Liza Fabbian
Les éleveurs peuls venus du nord du pays descendent de plus en plus vers le sud, chassés par l’insécurité, le changement climatique et la désertification. Une situation qui les met en concurrence pour l’accès aux terres avec les agriculteurs au centre et au sud du pays. Une situation qui menace « la sécurité alimentaire et la sécurité en générales » dans leurs régions, selon les gouverneurs du sud.
La décision d’interdire la transhumance et le pâturage libre est « irrévocable » si l’on en croit les déclarations du gouverneur de l’Etat de River ce week-end. Mais la résolution adoptée par le Forum des gouverneurs du sud du Nigeria mardi dernier fait tout de même débat. Le gouverneur de l’Etat de Kogi s’est par exemple désolidarisé de ses collègues, estimant qu’il n’y avait pas à ce stade suffisamment d’infrastructures pour permettre l’élevage du bétail en enclos.
Ce week-end, le gouverneur de l’état de Kano, au nord cette fois, a admis que « la manière de faire transhumer le bétail d’un bout à l’autre du pays à pieds (…) n’est plus forcément tenable ». Mais il se dit aussi inquiet de voir « les éleveurs peuls soumis à de mauvais traitements et des violences dans le sud du pays. »
Alors que début mai 17 villageois étaient assassinés par de présumés bergers peuls dans l’Etat de Benue, 19 éleveurs peuls membres d’une même famille ont été assassinés et mutilés dans l’Etat d’Anambra fin avril. Deux exemples parmi tant d’autre du conflit meurtrier qui oppose éleveurs et agriculteurs au Nigeria – auquel les gouverneurs du sud voudraient mettre un terme – en restreignant radicalement la circulation des éleveurs.