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Après les reports, l’Union africaine se penche sur la situation au Tchad

La réunion a été reportée à plusieurs reprises depuis le début de la semaine, mais cette fois-ci semble être la bonne. Le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine se penche enfin, ce vendredi 14 mai, sur le Tchad.

Cette fois, la réunion a bien lieu depuis ce 14 mai dans la matinée. Elle est importante, car les quinze membres du Conseil de paix et sécurité doivent se mettre d’accord sur la ligne de conduite à adopter vis-à-vis du régime militaire, mis en place après la mort d’Idriss Déby Itno.

Il y a d’un côté, et ils sont les plus nombreux, les tenants d’un accompagnement de la transition, moyennant quelques conditions, comme l’engagement ferme des militaires et qu’ils cèdent bien le pouvoir au bout de dix-huit mois. De l’autre, il y a ceux qui veulent une application stricte d’un principe sacré de l’Union africaine, qui veut qu’en cas de coup d’État, un pays doit être suspendu automatiquement.

La question n’avait pas pu être tranchée, fin avril, par le Conseil de paix et sécurité. Il avait donc envoyé sur place, au Tchad, une mission pour évaluer la situation, l’aider à prendre une décision. Cette mission est revenue avec un rapport qui penche pour un accompagnement de la transition et c’est ce document qui est au centre des travaux, aujourd’hui.

Lequel des deux camps va parvenir à convaincre l’autre ? Ceux qui ne veulent pas de sanctions refusent de fragiliser un peu plus un pays en pointe dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Les autres, en majorité des pays d’Afrique australe, ne veulent pas d’une exception tchadienne. Pour eux, c’est un coup d’État militaire et il doit être sanctionné. Ces pays ne sont pas majoritaires, donc il va falloir parler d’une même voix, car les décisions du Conseil de paix et sécurité sont prises par consensus des quinze États membres.

Le message qui est donné est un message qui n’est pas du tout encourageant et qui n’est cohérent avec les principes qui se sont consolidés dans la pratique du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Parce que ces dernières années, l’UA a adopté une position ferme de condamnation et de rejet des changements anticonstitutionnels… Mais cette attitude à l’égard du Tchad s’inscrit en faux par rapport aux avancées, ce qui peut constituer un fâcheux précédent.

Joseph Kazadi–Mpiana, professeur de droit international à l’université de Lubumbashi

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