Un million de silos pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, c’est la nouvelle initiative portée par FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Silos et magasins de stockage sont indispensables pour réguler les prix et assurer la sécurité alimentaire, mais la région a du mal à concrétiser ses ambitions en la matière.
L’annonce de la FAO, est, en creux, une illustration de l’immensité des besoins. Car les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel sont parmi les moins dotés au monde en matière de stock alimentaire.
En 2012 la Cedeao définissait sa stratégie de stockage et mettait en place un outil totalement innovant, une réserve régionale alimentée par les États, pour répondre aux SOS des pays en crise. Depuis 2015, cette réserve a pris corps, grâce à un appui de l’Union européenne : 40 000 tonnes physiques (mil, riz, maïs et sorgho) et deux millions de dollars pour la réserve financière ont été mobilisés, c’est un début, mais on est loin des objectifs fixés. Le mécanisme a eu du mal à décoller et peine encore à se traduire en acte.
Les États peinent à stocker, leur priorité est ailleurs
Il manque des magasins, et des locaux de taille suffisante et moderne pour une gestion optimale. Ceux qui ont emprunté du stock, n’arrivent pas à le rendre dans les six mois impartis, or la consigne c’est de reconstituer le stock grain pour grain quand vous en avez profit. Mais surtout les pays ont été secoués par des crises en chaîne, telles qu’Ebola ou la montée de l’insécurité au Sahel qui ont absorbé une grande partie des moyens.
La réserve physique comme la réserve financière sont pourtant fondamentales et complémentaires. « Le stock physique est pratique jusqu’à un certain niveau explique un expert en alimentation de la sous-région, mais il est aussi très contraignant et entraîne des frais d’entretien, et parfois de location. La réserve financière permet d’aider un pays situé loin d’un entrepôt de stockage, comme le Cap-vert ou d’importer du riz par exemple ». L’objectif de ces stocks est double : nourrir la population qui a besoin d’assistance mais aussi compenser les pénuries et ainsi réguler les prix sur le marché local. Entre juillet et août prochains, 26 millions de personnes pourraient avoir besoin d’assistance alimentaire, selon le directeur de l’agriculture et du développement rural de la Cedeao Alain Sy Traoré.
Priorité au stockage de proximité
D’ici 5 ans, les besoins sont estimés à deux millions de tonnes de stock physiques, que ce soit au niveau régional, national ou local. Le stock de proximité reste l’instrument privilégié. Selon la FAO, les petits agriculteurs sont les premières victimes de la hausse des prix sur les marchés mondiaux. D’où son projet de mettre en place un million de silos métalliques communautaires dans l’ensemble de l’espace ouest-africain. Reste à trouver les partenaires et les moyens pour cette initiative ambitieuse.