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NBA: Mamadi Diakité, un Guinéen qui ne lâche rien

Désormais joueur NBA à part entière avec les Bucks de Milwaukee, l’ailier Guinéen Mamadi Diakité a dû se battre pour atteindre son rêve de devenir un membre de la meilleure ligue de basketball du monde. De Conakry à la Virginie, en passant par Orlando et le Wisconsin, le longiligne basketteur a pris les chemins de traverse pour être aujourd’hui le coéquipier du double MVP, le Grec d’origine Nigériane Giannis Antetokounmpo.

C’est peut-être un détail pour vous, mais pour lui, ça veut dire beaucoup. Le 21 avril dernier, une photo de Mamadi Diakité tout sourire fait le tour des réseaux sociaux, et marque la concrétisation d’un rêve : la signature d’un contrat NBA garanti.

Après plusieurs semaines d’instabilité avec un « two-way contract », un contrat précaire à « deux voies » qui peut être coupé à tout moment par la franchise, le natif de Conakry s’assied maintenant à la table des 380 joueurs de la meilleure ligue du monde, en signant un contrat garanti de 3 ans avec les Bucks de Milwaukee. « Je n’oublierai jamais ce jour, lorsque l’on signe un contrat comme ça, on se rend compte qu’on intègre une élite, sourit-il encore aujourd’hui, c’est une opportunité énorme d’enfin m’imposer dans le top niveau de mon métier, et que le travail paye toujours ».

Mais le parcours du joueur de 24 ans n’aura pas été des plus aisés, et son arrivée dans la ligue Nord-Américaine ne s’est pas faite par la voie royale, comme d’autres joueurs Africains qui tiennent désormais le haut de l’affiche, tel Joël Embiid.

« Je ne pensais qu’au foot »

Mamadi Diakité, comme tout enfant, est bercé par un autre ballon rond. Jouant au foot avec ses amis dans son quartier de Conakry, le jeune Diakité est à mille lieux de penser que le basket serait son avenir. « J’étais un enfant qui courrais partout, je ne pensais qu’au foot, se rappelle-t-il , ce n’est que lorsque je suis devenu un jeune adolescent que j’ai vu que mon corps était moins adapté pour ce sport, et que je me suis laissé tenter par le basket ». Fils d’un directeur de recherche à l’OMS et d’une obstétricienne, la famille Diakité donne une importance capitale aux études, et essaye de trouver une voie pour qu’il puisse effectuer le meilleur parcours scolaire possible.

Après une discussion avec sa sœur, il décide de faire parler de lui et tente d’attirer l’attention en créant une page Facebook sur laquelle il poste des vidéos de ses exploits sur les terrains de basket, dans l’espoir d’être repéré par un recruteur et traverser l’Atlantique afin d’obtenir une bourse d’étude. « C’était comme jeter une bouteille à la mer. Un jour, je reçois un message d’un concitoyen basé aux États-Unis, Hassan Fofana, qui me dit qu’il peut m’aider à venir pour y poursuivre mes études et obtenir une bourse pour aller à l’université. C’est un train qui ne passe qu’une seule fois dans la vie, et j’ai foncé », se souvient-il. Direction la Virginie et le lycée de Blue Ridge, à St George.

Arriver en NBA, coûte que coûte

Le jeune Mamadi arrive aux États-Unis et n’attend pas pour briller. Son physique longiligne fait le bonheur de l’équipe de basket de l’école, mais aussi de la section de…saut en hauteur. Le Guinéen montre qu’il est un athlète à grand potentiel, et attire l’attention de plusieurs universités.

« Quand j’ai reçu mes premières offres de bourses pour aller à l’université, je me suis dit qu’une partie de mon objectif d’arriver à obtenir un diplôme universitaire s’ouvrait à moi, et qu’il fallait prendre la meilleure décision possible en terme de cursus, mais aussi en terme sportif, car je savais que je voulais devenir basketteur professionnel », précise-t-il. Son choix se porte sur la prestigieuse université de Virginie, qui compte l’une des meilleures équipes de basketball du pays. À Charlottesville, il prend ses marques, et lors de sa troisième saison avec les Cavaliers (le surnom de l’équipe), il entre dans l’histoire en remportant la March Madness, le tournoi final du championnat NCAA.

« Ce moment reste l’un des plus grands faits de ma jeune carrière. Venir d’Afrique et devenir l’un des seuls joueurs issus du continent à remporter le titre universitaire est assez unique, et ça m’a beaucoup aidé pour la suite afin de faire le tremplin vers le niveau supérieur », analyse le joueur. Après avoir terminé ses études, il décide de se présenter à la Draft, mais n’entendra pas son nom être appelé par le vice-président de la ligue, Mark Tatum. La déception est là, mais Diakité sait qu’un itinéraire « bis » pour accéder à l’élite existe.

Une chance avec G-League, l’antichambre de la NBA

Diakité décide de tenter sa chance en G-League, l’antichambre de la NBA, avec les Lakeland Magic. Il rejoint son équipe dans la bulle d’Orlando et optimise l’opportunité qui lui ai donné. En 12 matches, il tourne à 18 points et 10 rebonds de moyenne, et aide sa formation à remporter le titre. Cerise sur le gâteau, il est sélectionné dans l’équipe type du tournoi.

Quasiment trois semaines après, le directeur sportif des Bucks de Milwaukee Mike Holt le contacte pour lui proposer un contrat « two-way » (à deux voies). Il accepte sur le champ, et s’envole pour le Wisconsin. Là-bas, il est pris sous l’aile de Giannis Antetokounmpo qui aime la combativité du jeune Guinéen. « Giannis, c’est comme un grand frère, c’est une personne qui m’aide vraiment beaucoup, sourit-il, on partage des choses en commun, comme la valeur de travail. Il est d’un soutien incroyable, je ne pouvais pas espérer mieux ».

« On ne m’a jamais déroulé le tapis rouge »

Après quelques bonnes performances, la direction de l’équipe lui propose le Graal : convertir son « two-way contract » en un contrat garanti. Le rêve du gamin de Conakry devient réalité malgré les difficultés rencontrées. Le voilà joueur à part entière de l’effectif, au milieu d’un noyau de coéquipiers liés au continent Africain (Les frères Antetokoumpo et Jordan Nwora, jeune international Nigérian), de l’une des équipes favorites pour remporter le titre NBA.

Malgré tout, Diakité garde les pieds sur terre, bien conscient du chemin parcouru. « Tout ce qui m’arrive, c’est à force de travail et d’abnégation. Je n’ai jamais été le gars le plus doué de ma génération, on ne m’a jamais déroulé le tapis rouge. Je suis un col bleu », constate-t-il. Avant de conclure : « Je veux toujours plus, et je veux faire de grandes choses, moi, le gamin de Conakry, en essayant de gagner le titre NBA pour rendre fiers mes concitoyens. »

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