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Éthiopie: avec les déplacés du Tigré, naufragés à Mekelle

La situation humanitaire à Mekelle est inquiétante. La capitale de la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, où le conflit dure depuis novembre, accueille de plus en plus de réfugiés. La ville compte désormais plus d’une vingtaine de camps installés notamment dans des écoles. Des organisations humanitaires construisent des abris mais en attendant, les autres sites sont saturés.

Avec notre envoyé spécial à Mekelle, Sébastien Németh

Une semaine après son ouverture, plus de 5000 déplacés s’entassent déjà dans l’école primaire Mayweli. Ils dorment à l’intérieur des salles de classe, sur des matelas ou sur des bancs, dans une hygiène déplorable. Hadoush vient de Humera, dans l’ouest du Tigré.

« On manque de tout. Les gens ont faim. Hier une femme en train d’accoucher est morte car il n’y avait pas d’ambulance. Ma ville a été attaquée par des miliciens Amharas. Quand j’ai vu des femmes enceintes se faire poignarder, j’ai pris ma famille et j’ai fui sans rien emporter. »

La plupart de ces naufragés arrivent épuisés à Mekelle, après une longue et dangereuse fuite à travers le Tigré. Gerensa Hailu vient de Sheraro, dans l’ouest. Lui a échappé aux soldats érythréens. « Ils sont arrivés et ont tiré dans la foule. Je me suis couché parmi les cadavres et j’ai fait le mort pendant une journée. Mon fils a été tué et je n’ai pas pu l’enterrer. J’ai mis six mois pour arriver, en allant de village en village, en évitant les routes principales. »

Vieillards, hommes, femmes, enfants, ces déplacés viennent de toutes les générations. Kebron n’a que 14 ans. Lui et son frère sont arrivés hier soir, totalement désemparés. « On était sortis pour aller aux toilettes. On a alors entendu des tirs et on a couru. Je ne sais pas où est ma famille. Le téléphone ne passe pas. Des gens du camp sont partis dans mon village. Je leur ai donné un message pour mes parents. Depuis j’attends. »

Aucun déplacé ne veut pour l’instant quitter le camp. Tous répètent que leurs villes et villages sont occupés. Rentrer, c’est nous envoyer à la mort, disent-ils.

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