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Transition au Tchad: les opérateurs économiques partagés entre inquiétude et optimisme

L’Union africaine doit se prononcer aujourd’hui sur d’éventuelles sanctions contre le Tchad. Mais elle n’a pas le pouvoir de prendre des sanctions économiques. Trois semaines après l’annonce de la mort du Président Idriss Déby, suivie de l’instauration d’un Conseil militaire à la tête du pays, constitué de quinze généraux, la période de transition qui vient de s’ouvrir pose une infinité de questions. 

Un gouvernement de transition a été nommé. Samedi, la seconde journée de contestation organisée par la coordination citoyenne Wakit Tama a été violemment réprimée. Dans ce contexte, les opérateurs économiques oscillent entre craintes, pour la continuité de leurs activités, et optimisme : ils veulent croire à la stabilité du pays.

Lorsque le Président Idriss Déby est mort, au front, ce fut d’abord la stupeur et la panique. « Certains chefs d’entreprise sont partis du Tchad, à cause de ces événements. L’incertitude s’est placée au Tchad dans la tête des gens, surtout les étrangers ; ils sont obligés de regagner leurs pays, explique Daouda Bichara, président du Conseil national du patronat tchadien. Certains ont fermé leurs entreprises. Les Tchadiens eux-mêmes ont vidé les marchés. Ils ont emmené leurs marchandises dans leurs maisons, pour les sécuriser ! Je ne peux pas deviner ce qui va se passer, mais s’il y a des événements comme ça, personne ne va mettre un franc dans ce pays. »

Des inquiétudes que le patron des patrons du Tchad a exposées au nouvel homme fort du pays, le chef du Conseil militaire de Transition, Mahamat Idriss Déby lui-même. Il lui a également demandé de réserver des sièges au patronat dans le futur Conseil national de transition, qui fera office de Parlement pendant les 18 prochains mois. Il en veut 5, sur les 93 membres prévus par la Charte de Transition instaurée le 20 avril.

Toutes ces inquiétudes, Ali Annadif les a partagées. Mais pas longtemps. Il dirige le groupe Almahri, fort de cinq entreprises présentes, entre autres, dans le BTP et la gomme arabique. « Nous avons des ravitaillements matériels dans un chantier dans l’est du pays. Ces ravitaillements ont connu 72 heures de retard, avec les changements qui se sont passés. On voulait voir plus clair avant que les camions ne puissent voyager. Après trois jours, vu que tout était normal, ils ont voyagé, ils sont bien arrivés à destination. Moi je fournis à certains partenaires européens et américains de la gomme arabique, et nous sommes en pleine campagne. Ils se posent la question : est-ce que le reste de notre commande pourra nous arriver ? Et nous les avons rassurés que notre planning sera respecté », assure le chef d’entreprise

La Coton Tchad est une entreprise emblématique du pays. Ibrahim Maaloum, son secrétaire général en charge du commerce, affiche clairement sa confiance, et celle du groupe singapourien Olam, qui a repris l’entreprise il y a trois ans, dans les nouvelles autorités. « Nous faisons confiance à une équipe qui est là pour gérer le pays, pour stabiliser et pour continuer à rassembler l’ensemble des Tchadiens pour éviter l’effusion du sang. Les investisseurs étrangers suivent et savent ce qui se passe. Aujourd’hui, il n’y a pas d’inquiétude particulière du groupe Olam sur le devenir du Tchad. S’ils n’avaient pas confiance, ils auraient dit : réduisez le voilage. Ce n’est pas le cas. »

Les chefs d’entreprises tchadiens restent vigilants, mais ce qu’ils expriment en premier, c’est leur sérénité déjà retrouvée.

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