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Au Ghana, l’art contemporain en pleine ascension

L’art contemporain ghanéen bénéficie d’une reconnaissance internationale grandissante, et de plus en plus de collectionneurs s’arrachent les oeuvres produites dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest. Mais le marché local pâtit encore de son manque d’infrastructures.

De notre correspondante à Accra,

C’est au Villagio, l’immeuble le plus huppé de la capitale, que la nouvelle galerie d’art contemporain Ada s’est installée en octobre dernier. Sa directrice, Adora Mba, en est sûre : le Ghana s’apprête à devenir la tête de pont de l’art contemporain africain.« Le monde entier a les yeux rivés sur le Ghana. Nous avons tant d’artistes de talent qui connaissent une reconnaissance internationale, que le monde désormais est forcé de nous regarder. La plupart de mes acheteurs sont internationaux : beaucoup d’Afro-Américains, d’Européens… Des Asiatiques, aussi : Hong-Kong, Chine, Corée, Émirats arabes unis… C’est un moment incroyable. Certains appellent ça une mode, mais je vois plutôt ça comme une reconnaissance. »

L’art contemporain ghanéen a déjà ses grands noms. Le peintre Amoako Boafo est devenu l’an dernier le deuxième artiste africain le plus coté au monde. Le plasticien Serge Attukwei Clottey, qui crée des installations colorées avec du plastique de récupération, était exposé en mars dernier à Coachella.

Manque d’infrastructures dédiées à l’art au Ghana

Malgré cet engouement, le Ghana souffre encore d’un manque d’infrastructures. Il n’existe pas de musée national, et la capitale Accra ne compte que deux galeries et une seule résidence d’artistes, Noldor, qui a ouvert ses portes en novembre dernier. Son fondateur, Joseph Awuah-Darko, explique avoir voulu offrir un refuge aux artistes en temps de Covid. « La pandémie a aggravé la situation pour les artistes locaux. Au Ghana, il y a un manque sévère de soutien financier aux infrastructures pour les artistes contemporains émergents. La mission que je me suis donnée a été de construire une résidence d’artistes qui serait à la fois une communauté d’artistes, une plaque tournante et un espace pour la prolifération créative. »

Et pour bâtir un modèle économique viable en pleine crise économique, il a fallu prendre appui sur le soutien de la diaspora. « Nous sommes une organisation à but non lucratif, nous subsistons grâce aux donations. Nous avons eu la chance d’être soutenus par des mécènes expérimentés, comme l’architecte Sir David Adjaye. Nous prenons aussi une commission sur les ventes des artistes, afin de garder notre modèle économique durable. »

Plus d’argent public pour soutenir l’industrie locale

L’objectif est de démocratiser l’accès à la production artistique pour faire émerger de nouveaux talents, comme Joshua Oheneba-Takyi, artiste peintre de 23 ans. « J’arrive ici le matin, je me mets directement à peindre. Je passe la plupart de mon temps dans ce studio. Je pratique un mélange d’art abstrait et figuré. Mes revenus proviennent des ventes de mes œuvres et d’une bourse pour jeunes artistes offerte par Noldor. C’est un environnement de travail très favorable, que je suis content d’avoir trouvé. »

Artistes comme galeristes appellent maintenant l’État ghanéen à injecter plus d’argent public pour soutenir l’industrie locale… sous peine de voir ses artistes de renom s’installer à l’étranger, comme l’a déjà fait Amoako Boafo.

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