Dans un mois, le 5 juin, des élections législatives cruciales pour l’avenir du pays doivent se tenir en Éthiopie. L’UE a déjà fait savoir qu’elle n’enverrait pas d’observateurs, n’ayant pas obtenu d’accord avec Addis-Abeba sur les conditions de leur déploiement. Et malgré les conflits qui ont ensanglanté la Fédération éthiopienne ces trois dernières années, le Premier ministre Abiy Ahmed entend malgré tout, avec ce scrutin, se donner une légitimité démocratique.
Abiy Ahmed n’a jamais été élu. Officier du renseignement militaire et cadre oromo du mouvement dominé par les Tigréens au pouvoir à partir de 1993, il a été appelé aux responsabilités en 2018 à la faveur d’une crise interne à la coalition dirigeante. À titre personnel, le scrutin du 5 juin sera donc son premier test électoral.
Mais malgré sa confiance dans les préparatifs du scrutin, le contexte est plus que compliqué. Ses anciens alliés oromos sont devenus ses adversaires et sont en prison. Le Tigré est en guerre et ne votera pas. Et des haines entre communautés interdisent l’accès de certaines campagnes de l’Amhara, de l’Oromiya et d’ailleurs, alors que, partout, les nationalistes radicaux ont vu leur influence grandir.
À cela s’ajoutent d’importants problèmes logistiques, en l’absence de l’armée, mobilisée par la guerre. Dans les provinces Afar et Somali, aucun bureau de vote n’était prêt mi-avril, de l’aveu même de la commission électorale nationale, tandis que dans le reste du pays, un bureau sur deux, sur les 50 000 prévus, n’était toujours pas en état de fonctionner. Enfin l’enrôlement des électeurs est encore très faible : seulement 18 sur les 50 millions d’électeurs étaient dûment enregistrés la semaine dernière.
Il reste donc un mois pour rendre le scrutin viable.
À lire aussi: Abiy Ahmed, nouveau visage de l’Éthiopie