L’Afrique du Sud a annoncé, dimanche 2 mai, son intention de mettre un terme à l’élevage de lions en captivité, que ce soit pour la chasse, pour en faire des attractions touristiques ou pour vendre leurs ossements sur les marchés d’Asie de l’Est où ils sont réputés pour leurs prétendues vertus médicinales. Le pays, dont le tourisme représente 7% du PIB, veut promouvoir une expérience plus authentique de la vie sauvage.
Avec notre correspondant à Johannesburg, Romain Chanson
« Nous ne voulons plus que les lions soient élevés en captivité, chassés en captivité, caressés en captivité », a déclaré la ministre sud-africaine de l’Environnement, Barbara Creecy, reprenant à son compte les conclusions d’un rapport écrit par un comité d’experts chargé par le gouvernement de se pencher sur les règles encadrant la chasse, le commerce et la captivité des lions, éléphants, rhinocéros et léopards.
Seulement 3 500 lions à l’état sauvage
Selon ce rapport dévoilé dimanche, l’industrie de l’élevage est néfaste pour la protection des lions sauvages, car elle renvoie une image négative qui nuit à l’écotourisme, source de financement pour la préservation des animaux sauvages.
L’organisation Blood Lions, qui milite contre l’élevage des lions, a salué cette décision. D’après elle, environ 7 000 fauves seraient actuellement élevés dans plus de 200 fermes en Afrique du Sud pour la chasse en enclos, le commerce des os, le tourisme ou les recherches scientifiques. Et seulement quelque 3 500 lions vivent à l’état sauvage dans le pays, selon l’ONG Endangered Wildlife Trust.
Un business très lucratif
Les éleveurs auront leur mot à dire, a tempéré la ministre de l’Environnement. La chasse aux trophées génère environ 350 millions de dollars par an.
« L’intérêt, c’est de permettre aux gens qui s’intéressent à la chasse d’avoir une expérience authentique », a voulu rassurer la ministre, « plutôt que de tirer sur un animal sorti de sa cage ».
Le comité a également recommandé la suppression progressive de l’élevage en captivité des rhinocéros, et d’étudier les options sur la future utilisation des stocks de cornes de rhinocéros, dont le commerce fait l’objet d’un moratoire depuis 1977. La corne de cet animal est prisée en Asie pour ses prétendues vertus thérapeutiques et le braconnage décime l’espèce, alors que l’Afrique du Sud abrite 80% de la population mondiale de rhinocéros.