Au Bénin, Reckya Madougou est derrière les barreaux depuis deux mois jour pour jour. L’opposante est poursuivie pour « financement du terrorisme ». Sa candidature à la dernière présidentielle – au nom du parti Les Démocrates – avait été rejetée. Dans l’interview qu’il a accordé jeudi soir à RFI et France 24, le président Patrice Talon l’a accusé d’avoir planifié une insurrection contre lui.
On est face malheureusement à une nouvelle illustration d’une politique qui vise à évincer en fait toute opposition et toute voix discordante au Bénin. Malheureusement, cela a des conséquences puisque la personne que nous défendons est dans un état extrêmement fragile, isolée, sans possibilité d’avoir droit à une procédure équitable. Et on a le sentiment que le président Talon balaye l’État de droit d’un revers de main avec une facilité déconcertante. Il lui appartient apparemment de fixer la procédure, de fixer le sort de la procédure avant même que toute investigation ait lieu. Et aujourd’hui, nous demandons, non pas la grâce, mais juste le droit à une procédure transparente, équitable dans laquelle la personne puisse se défendre, et surtout dans des conditions qui sont normales et pas inhumaines comme c’est le cas actuellement. Je rappelle qu’elle n’a pas la possibilité de voir ses avocats, pas la possibilité de voir les membres de sa famille de manière normale et elle est plongée dans un état particulièrement fragile qui fait que nous appelons la communauté internationale pour véritablement essayer de rendre à nouveau possible qu’au Bénin, il y ait des procédures équitables.
Maître Antoine Vey, avocat de Reckya Madougou