Trois ans de prison ferme pour « offense aux préceptes de l’islam et aux rites musulmans » ont été prononcés ce jeudi à Alger contre Saïd Djabelkhir, un universitaire réputé, spécialiste de l’islam. Il lui est notamment reproché d’avoir écrit que le sacrifice du mouton existait avant l’islam et d’avoir critiqué le mariage précoce des filles dans certaines sociétés musulmanes.
Il avait rappelé sur Facebook que certaines pratiques musulmanes, comme le sacrifice du mouton, remontaient à l’époque pré-islamique. Saïd Djabelkhir écope de trois ans de prison ferme en vertu de l’article 144-2 bis du code pénal algérien, qui punit les atteintes à la religion.
Venant d’un particulier et non du parquet, la plainte aurait dû être rejetée sur la forme, estime l’un des avocats de la défense. Maître Wahab Hamidi s’inquiète de cette condamnation visant un spécialiste réputé de l’islam : « C’est quelqu’un de très connu, il est invité dans les médias, y compris publics. Il est sollicité par des médias étrangers, soit du Moyen-Orient, soit occidentaux. Parce qu’il y a tout un débat entre les réformateurs et les salafistes. Mais on ne part pas en justice parce que la personne a exprimé un avis contraire. »
Les avocats sont très surpris par la lourdeur de la peine. Ils dénoncent une atteinte à la liberté d’expression révélatrice du durcissement actuel des autorités algériennes. Selon l’avocat, cette décision de justice s’inscrit dans un contexte particulier, à savoir la répression par les autorités du mouvement du Hirak. « Cette instrumentalisation de la justice, on le sait bien, il n’y a personne qui va nous dire que la justice en Algérie est indépendante. Donc ce durcissement rentre dans cette résistance du régime à ne pas céder à toute volonté de changement », affirme Me Wahab Hamidi.
L’universitaire va faire appel dans la semaine et se dit prêt à aller jusqu’en cassation si nécessaire.