Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Sur les côtes togolaises rongées par la mer

C’est un phénomène qui ronge les côtes togolaises depuis plusieurs années : la mer avance sur le continent et sur les plages sableuses du Togo. Les houles se transforment en fortes vagues qui viennent s’écraser sur la côte et la détruisent en engloutissant tout, des maisons jusqu’aux cimetières.

Sur les plages, les restes de maisons abandonnées sont légions. Des cimetières engloutis laissent quelques ruines de tombes. Tout cela est visible après le port : un ensemble de ruines appartenant à des familles dont certains sont partis loin et devenus des locataires chez eux.

Edoh a vu partir en quelques jours son auberge en bordure de mer. Il s’en souvient. « J’étais propriétaire d’une plage. En 2010 on a vu que ça avançait beaucoup. Une nuit ça a pris les paillotes qui sont en face de la mer. La deuxième nuit ça a pris les bungalows et le troisième jour, la mer a avancé de plus de 30 mètres. Tout ce que nous avions a été emporté dans la mer ».

Ils sont ainsi nombreux, les propriétaires de maisons, à voir leurs biens emportés par la mer sur cette partie est après le port autonome de Lomé. L’érosion est très prononcée de ce côté sur les côtes togolaises. Elle est due au phénomène naturel, mais aussi et surtout, aux activités humaines comme l’installation des infrastructures portuaires.

« De la frontière ghanéenne jusqu’au port de Lomé, on a une zone de sédimentation. De l’autre côté, en aval du port, la côte est dépourvue de shale sédimentaire, ce qui va obliger l’eau à récupérer les sédiments pour pouvoir avancer vers l’est. D’où l’érosion », indique Damien Etsé Gatogo, géographe-chercheur à l’université de Lomé.

Sur les 55 km de côte, plus de la moitié est rongée et la mer continue d’engloutir chaque jour une bonne partie. Il n’y a pas de solution définitive pour arrêter le phénomène : quelques mesures durables vont être mises en œuvre par le projet régional Waca, un programme de gestion du littoral ouest-africain. Son coordonnateur, Adou Rahim Alimi Assimiou est très enthousiaste sur ce qui va être fait sur l’espace togolais. « On va construire des épis de part et d’autre et recharger en sable entre les épis », explique-t-il.

D’autres ouvrages ont été improvisés entre Gbétsogbe et Mandela Beach, par Eklou Naté, un riverain ingénieur des Ponts et chaussés. Ils consistent à amener la mer à vider des poches de puits pour recréer la plage. Tous ces ouvrages n’ont qu’une durée de vie limitée. Pendant ce temps, la mer avance, contourne et ronge la côte chaque jour qui passe.

Quitter la version mobile