Les combats ont fait rage samedi entre les forces nationales tchadiennes et les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact). Dans ce contexte, plusieurs partis d’oppositions et des organisations de la société civile ont signé ce week-end un appel au cessez-le-feu. Ils demandent également à Idriss Déby l’ouverture d’un dialogue national inclusif pour apaiser les tensions, laissant au président tchadien une semaine pour se décider.
Le souvenir des années de guerre civile hante encore les signataires de cette déclaration. « Nous avons l’expérience de la guerre, rappelle Mahamat Nour Ibedou, le secrétaire général de la Commission tchadienne des droits de l’homme. Ce n’est pas une partie de gala comme on dit. La vie des populations est en jeu. »
En dépit de leurs divergences, société civile et certains partis politiques d’opposition appellent donc à un cessez-le-feu. Selon Ahmad Alhabo, président du Parti pour les libertés et le développement, ce conflit armé ne pourra jamais permettre la naissance « d’un Tchad démocratique ».
« Toute prise de pouvoir par les armes entraine automatiquement sa confiscation également par la violence et la force. C’est pour cela que nous disons qu’il faut que les belligérants déclarent un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire et s’assoient autour d’une table des négociations. »
L’objectif des signataires est d’impulser un dialogue national inclusif. Une déclaration qui s’adresse principalement au président Idriss Déby Itno, a qui ils laissent une semaine pour apporter une réponse. « Si jusqu’au 25, il n’adhére pas à notre proposition, nous allons organiser des manifestations citoyennes pour le ramener à la raison », fait savoir Mahamat Nour Ibedou.
Tous appellent également les partenaires du Tchad à cesser de soutenir un camp contre un autre, afin de faciliter disent-ils, le dialogue politique.
Crainte pour la sécurité des opposants
Le président de la Convention tchadienne des droits de l’homme craint par ailleurs que cette situation sécuritaire mette en danger certains opposants et membres de la société civile. En 2008, pendant une offensive rebelle sur Ndjamena, des militaires de la garde présidentielle tchadienne avaient arrêté plusieurs opposants, qui avaient subi de mauvais traitements en captivité. Parmi eux, Ibni Oumar Mahamat Saleh n’est jamais réapparu. Mahamat Nour Ibedou a peur que « le scénario se répète ».
« On nous dit que les combats se rapprocheraient de Njdamena et donc nous craignions que le scénario qui a permis l’enlèvement et l’assassinat de monsieur Ibni Oumar Mahamat Saleh ne se répète avec les leaders de l’opposition et de la société civile, ici à Ndjamena. Le gouvernement a déjà agi en ce sens, donc cela nous oblige à prendre certaines précautions par rapport à notre sécurité. »