Plus un seul sac de ciment n’est sorti de l’usine Diamond Cement depuis décembre 2019. Cette société à capitaux togolais et indiens a fait faillite pour diverses raisons. Jusqu’à sa fermeture, elle était considérée comme le fleuron de l’économie du Pool, région voisine de Brazzaville secouée plus d’une fois par des conflits armés. Agents de la compagnie et revendeurs du ciment pâtissent de cette situation.
De notre correspondant à Brazzaville,
À l’entrée de Mindouli, en tournant le dos à la nationale 1, sur la gauche, la piste carrossable et caillouteuse qui mène vers l’usine de Diamond Cement est visiblement à l’abandon. Les véhicules bennes et autres semi-remorques qui transportaient du ciment entre ce site et la gare pour l’évacuer sur Brazzaville et Pointe-Noire sont introuvables. L’usine a fermé, au grand dam de Joseph Maléla, un père de famille de 54 ans.
« La fermeture de cette usine nous a provoqué beaucoup de chômage », lâche-t-il amèrement. L’usine employait 375 personnes et toutes ont perdu leur emploi. « On avait beaucoup d’ouvriers : des électriciens, des soudeurs, des maçons et des plombiers qui étaient ensemble avec nous. Aujourd’hui, ils sont au chômage comme nous autres », décrit monsieur Maléla.
Après sa fermeture, Joseph Maléla pense qu’il n’a pas été bien indemnisé. « C’est bien vrai que nous avons été indemnisés. Mais, de quelle manière ! L’indemnisation n’est pas à la hauteur des attentes. De ma part, on m’avait payé 498 000 francs CFA (759 euros). J’ai travaillé pendant quatre ans et demi et je n’avais jamais eu de congés », a-t-il dit.
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Mauvaise étude du marché
Avec une capacité installée de 700 000 tonnes par an, Diamond Cement, qui a nécessité un investissement de 60 milliards de francs CFA dont 35 milliards d’emprunts bancaires, a connu une chute à cause d’une mauvaise étude du marché, selon les autorités gouvernementales. Le Congo y détenait 15 % de part.
Les banques ont commencé à réclamer des remboursements avec intérêts alors que la société Diamond Cement était encore loin de faire des bénéfices, a expliqué une autorité locale. La présence de l’usine cimentière était un gage de stabilité socio-économique pour le Pool, région post-conflit, selon l’analyste Alphonse Ndongo. « Il faut reconnaître qu’une société de ciment ou autre société, dans une zone qui a connu des conflits, permet de stabiliser le social. Donc, une société comme celle-là est un réel réservoir d’emplois et même de redistribution de revenus », souligne-t-il.
Conséquences de la fermeture
Les conséquences de sa fermeture sont multiples. « Au niveau même de l’économie générale il y a une grande perte au niveau des impôts et tout ce qui va avec, notamment la parafiscalité. Toutes ces choses font que le Congo est, à tout point de vue, perdant. On perd une société, la parafiscalité. Ensuite, dans la stabilisation de la paix dans le Pool nous perdons aussi quelque chose », affirme Alphonse Ndongo.
Avant Diamond Cement dans le Pool, Cimaf, une compagnie marocaine a également fermé pour n’avoir pas pu supporter la concurrence.