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Madagascar: face à la deuxième vague de Covid-19, un personnel de santé épuisé et débordé

Ces vingt derniers jours, le pays a recensé près de 4000 cas de Covid-19 dont 124 décès. Les autorités ont reconnu la semaine dernière un manque d’oxygène pour traiter les formes graves du Covid-19. De nombreux membres du personnel soignant se disent à bout de souffle face à des conditions de travail de plus en plus difficiles, notamment les paramédicaux qui regroupent les infirmiers, sages-femmes, ambulanciers ou encore techniciens de laboratoire.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain

Les quatre centres de traitement du Covid-19 de la capitale ont été pris d’assaut dès leur ouverture. Les agents de santé n’ont pas les moyens de soigner correctement tous les patients, explique Malala, infirmière ;

 « On a une surcharge de travail et nos équipements sont insuffisants. On ne peut pas traiter tous les malades puisque quelques fois on a des ruptures en médicaments et l’oxygène ne suffit pas, c’est-à-dire que les salles de réanimation sont insuffisantes. Il y a de très nombreux malades qui ne peuvent pas être pris en charge donc ils restent chez eux. Depuis deux ou trois semaines, on est vraiment débordés. On n’a qu’une ambulance pour transférer les malades alors qu’on a des dizaines de transferts à faire en une journée. On travaille jour et nuit puisqu’il y a beaucoup de personnels contaminés. C’est très dur mais c’est notre devoir donc nous allons assumer. Lors de la première vague, on a pu sauver beaucoup de vies mais maintenant c’est dur de lutter avec ces formes graves de la deuxième vague. »

L’infirmière réclame aussi un soutien de l’Etat à l’égard des malades et de leurs familles : « La plupart des gens n’ont plus les moyens. Il faut les aider financièrement et il faut que la santé soit accessible à tout le monde puisqu’à Madagascar il y a des centres qui ne sont pas accessibles. »

La quasi-totalité des agents de santé ont été ou sont actuellement contaminés par le coronavirus du fait du manque d’équipement de protection, de l’insuffisance de recrutement de personnel et du non-respect des heures et des jours de repos indique Jerisoa Ralibera, infirmier et président du syndicat des paramédicaux.

« Tout l’ensemble du personnel travaille au-dessus de 40 heures par semaine, plus de 60, 70, même 90 heures par semaine, ce qui nous rend vulnérables et plus facile à être atteints par le Covid-19. Les conditions de travail sont encore plus mauvaises que l’année dernière parce qu’en 2020 on a consacré une somme assez astronomique pour faire face à cette pandémie. mais cette année nous n’entendons pas parler de combien d’ariary, de dollars ou d’euros ont été consacrés pour faire face à cette double vague du Covid-19, qui comprend le variant de l’année dernière et le variant d’Afrique du Sud. Dès qu’un centre de traitement du Covid-19 est ouvert, le lendemain même, tous les lits sont occupés. Je n’ai pas les mots pour qualifier notre désespoir, notre fatigue. On se sent délaissés et même vaincus par le Covid. »

Le syndicat demande au gouvernement d’accorder une enveloppe supplémentaire pour la Santé qui permettrait au personnel médical « de reprendre des forces » et de fournir « le matériel qu’exige la lutte contre le Covid-19 ». Ces derniers mois, en plus de leurs indemnités de réquisition, les paramédicaux ont réclamé auprès de leur ministère de tutelle le recrutement massif d’agents de santé.

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