Manifestation en Tunisie pour demander à l’Italie de reprendre ses déchets. Un scandale environnemental sur fond de corruption secoue le pays. Un total de 282 containers de déchets ménagers italiens ont été importés illégalement l’an dernier. De hauts cadres des douanes ont été limogés, tout comme le ministre de l’Environnement, incarcéré depuis fin 2020. Et malgré les procédures judiciaires, les 7 800 tonnes de poubelles sont toujours en Tunisie.
Avec notre correspondant à Tunis, Martin Bernard
« Prendi la tua merda ». Le message est clair sur la banderole déployée devant l’ambassade d’Italie. Il demande à Rome de rapatrier ses poubelles arrivées illégalement sur la rive sud méditerranéenne. Parmi la cinquantaine de manifestants, Ali Souéri, étudiant, a fait le déplacement depuis Sousse : « Nous sommes en colère, notre pays n’est pas une poubelle ! »
Les 7 800 tonnes de déchets sont entreposées dans cette ville située à 150 km de la capitale. Mejdi Ben Ghezala y est conseiller municipal et suit de près les procédures : « La mafia italienne des déchets choisit les pays qui n’ont pas un système écologique de traitement des déchets. Selon la convention de Bâle, c’est une infraction car l’exportation des déchets ne doit se faire que vers les pays qui ont les moyens de traiter les déchets de manière écologique. »
26 personnes poursuivies
Convention de Bäle, de Bamako, protocole d’Izmir, réglementation européenne sur le transfert des déchets. Autant de textes qui ont poussé les autorités italiennes à imposer à l’entreprise exportatrice de rapatrier ses containers. Pour l’heure sans résultat. En Tunisie, 26 personnes haut placées sont poursuivies dans cette affaire de corruption et de falsification de documents.
Pancarte en main, Latifa Sbaï est venue réclamer justice : « C’est la mafia de la Tunisie qui fait ça pour récolter beaucoup d’argent ». Dernièrement, 600 autres containers de déchets à destination de la Tunisie ont été bloqués par les autorités italiennes.
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