Le chef de la police de Khartoum avait créé la polémique la semaine dernière en appelant au retour des lois sur l’ordre public. Des textes très controversés créés sous l’ancien régime islamique et qui contenaient de nombreuses restrictions utilisées très souvent contre les femmes. Ces propos avaient suscité un tollé qui a finalement coûté son poste premier policier de la capitale soudanaise.
Avec notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh
Après ses propos polémiques, le lieutenant-général Issa Adam Ismaël a été transféré dans les bureaux du ministère de l’Intérieur. Un nouveau chef de la police à Khartoum a été nommé dimanche.
La semaine dernière, l’officier déchu avait appelé au retour des Lois sur l’ordre public, abrogées en novembre 2019. Pour lui, il s’agissait de combattre le crime mais aussi de stopper ce qu’il appelait les « pratique négatives », citant en exemple la façon dont les femmes s’habillaient depuis la chute de la dictature. Le lieutenant-général avait aussi rappelé l’importance de préserver les traditions et de protéger les familles.
Ces déclarations avaient entraîné une levée de boucliers, notamment sur les réseaux sociaux. Ces lois contenaient toute une série de restrictions inspirées de la charia et son application visait principalement les femmes qui étaient arrêtées, emprisonnées ou encore fouettées.
Amira Osman, de l’organisation No to the oppression of Women, a expliqué que cet appel montrait bien que l’ancien régime était toujours présent au sein des institutions, et qu’il y avait besoin d’une campagne pour écarter les policiers associés à la dictature.
Face au scandale, le ministère de l’Intérieur s’était distancé des propos d’Issa Adam Ismaël, se disant engagé à « soutenir la volonté populaire d’appliquer un changement ».
Le procureur avait renchéri, rappelant que sous couvert de ces lois, les droits de l’homme étaient violés et les femmes humiliées. Vu l’unanimité, pas étonnant que le chef de la police ait perdu son poste.