En République démocratique du Congo, alors que les armes continuent de parler sur les hauts et moyens plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga dans la province du Sud-Kivu, un dialogue s’est ouvert ce lundi 29 mars à Kinshasa entre les communautés en conflit, les Babembe, Babuyi, Bafuliru, Banyamulenge, Banyindu, Barundi et Bavira. Ces travaux co-animés par le chef de la maison civile du président Felix Tshisekedi sont pilotés par le gouvernement central en collaboration avec l’ONG Interpeace, spécialisée dans le règlement des conflits.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Il y a déjà eu plusieurs tentatives de dialogues au Sud-Kivu pour essayer mettre un terme aux conflits dans les hauts plateaux. Pour ce nouvel essai, Modeste Bahati Lukwebo, le président du Sénat et originaire de la province du Sud-Kivu, appelle à plus de sincérité.
« Nous n’avons jamais été sincères dans ce que nous faisons. Chacune des communautés a ses calculs et voudrait tirer le drap de son côté, insiste-t-il. Tout le monde est coupable. Il est inutile de développer plusieurs théories. Bien sûr qu’il faut vous dire des vérités en face, pas d’hypocrisie. »
Chaque communauté ou presque est accusée par les forces de sécurité d’entretenir au moins un groupe armé. Les conflits liés à la terre sont certes réels, mais pour Enock Sebineza, délégué des Banyamulenge, la solution la plus urgente passe par des opérations militaires.
« Nous sommes venus à Kinshasa pour arracher une volonté politique devant permettre au forces de securité de faire ce qu’elles sont censés faire, affirme-t-il. D’abord, il faut éradiquer les groupes armés qui déracinent les Banyamulenge. Tout ce qu’il faut faire pour le gouvernement, c’est faire cesser les menaces sur les Banyamulenge. Tout ce qui est considéré comme groupe armé banyamulege peut cesser de soi-même. »
« Usurpation d’identité culturelle »
Pour les Bafuliro avec lesquels ils se battent dans les hauts plateaux, les Banyamulenge devraient renoncer à certaines de leurs revendications.
« Il faut que ceux qui se disent banyamulenge puissent quitter [abandonner] ce nom, c’est le nœud du problème, a déclaré Kimweta Kangeta, le représentant des Bafuliro à ces assises.. Il y a usurpation d’identité culturelle à travers ce nom. Mulenge est l’une des localités de notre chefferie de Bafuliro. Quand ils usurpent ce nom-là, en d’autres termes, ils veulent spolier nos terres coutumières, nos terres ancestrales. Nous savons qu’ils sont congolais. Au départ de la loi, ce n’est pas nous qui l’avions elaborée. »
Le président Félix Tshisekedi « doit faire appliquer les lois de la République » dans les Hauts plateaux, a appelé Kimweta Kangeta.
Pendant ce temps, les localités brûlent dans les hauts plateaux, s’est inquiété le ministre de l’Intérieur Gilbert Kankonde à l’ouverture de ces trois jours d’assises. Le patron de l’administration territoriale congolaise a déclaré attendre de la centaine de participants un engagement ferme et un changement de mentalité orienté vers la cohabitation pacifique.
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