En Côte d’Ivoire, c’est un « phénomène » trop fréquent et qui suscite la colère des Abidjanais : les effondrements d’immeubles dus à des malfaçons. Il y a dix jours, une douzaine de personnes ont ainsi été tuées dans l’effondrement d’un immeuble en construction de cinq étages dans le quartier d’Anono, à Cocody. Samedi dernier, les balcons d’un immeuble de trois étages sont tombés, sans faire de victimes. L’année dernière, onze immeubles se sont ainsi effondrés à Abidjan.
Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto
En Côte d’Ivoire, les règles sur le permis de construire sont claires. Les plans doivent être signés par un architecte. Pour les immeubles de plus de deux étages, le maître d’ouvrage, c’est-à-dire généralement le propriétaire, doit aussi s’adjoindre les services d’un « ingénieur conseil » et faire viser son chantier par un bureau de contrôle privé.
Or, ce cadre réglementaire n’est pas respecté, loin de là. En témoigne cette statistique révélée, ce lundi 22 mars, par le ministre de la Construction, Bruno Koné.
« Effectivement, dans la ville d’Abidjan, aujourd’hui, 80 % des constructions qui sont réalisées ne disposent pas de permis de construire », a confirmé le ministre.
En 2020, 2 700 PV d’infractions ont été dressés. Quatre bâtiments ont été démolis et deux immeubles dangereux ont été évacués, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan. Le ministère « ne peut tout contrôler malgré le renforcement de ses moyens sur le terrain, l’an dernier », se défend le ministre. Le cas de l’immeuble d’Anono dans lequel une douzaine de personnes ont péri est symptomatique.
« Dans le cas en l’espèce, nous avons commencé les inspections le 4 janvier et le dernier contrôle, le 26 février. Donc, du 4 janvier au 26 février, il n’y a pas eu de travaux. Nous avons eu le dos tourné ; il a repris les travaux. Sur beaucoup de chantiers, nous sommes dans cette situation. Nous avons entendu le message. Désormais, tous les cas de non observation des textes, feront l’objet de plaintes », a tenu à souligner Bruno Koné.
Les maîtres d’ouvrage, architectes ou entrepreneurs qui ne respectent pas les règles risquent jusqu’à deux ans de prison et 10 millions de F d’amendes ainsi que des amendes administratives pouvant se monter jusqu’à 25 000 F par mètre carré.