Le Congo-Brazzaville a voté ce dimanche 21 mars pour le premier tour de la présidentielle. Après 36 ans de pouvoir cumulés à la tête du pays, l’indétrônable Denis Sassou-Nguesso brigue un nouveau mandat de cinq ans. Face à lui, six adversaires. Dimanche soir, que l’on soit au pouvoir ou dans l’opposition, on dressait un bilan très différent de cette journée de vote.
Une journée de vote sous haute surveillance, dans le calme, sans incident sécuritaire majeur. À Brazzaville et Pointe-Noire, les principales villes du pays, l’affluence était plus faible qu’en 2016 : « Les Congolais ont boudé le vote », estime Brice Mackosso, président de la commission justice et paix de la Conférence épiscopale, dont les observateurs n’ont pas été autorisés à surveiller le scrutin.
L’opposant et candidat Mathias Dzon a invoqué des « problèmes d’organisation » pour expliquer cette faible affluence. « Certains électeurs n’ont pas eu leur carte », selon lui. D’autres se sont plaints par endroits de ne pas trouver leur nom sur les listes d’électeurs.
Cyr Mayanda directeur de campagne de Guy-Brice Parfait Kolélas qualifie le scrutin de « chaotique » et « catastrophique ». Il assure qu’à Brazzaville et Pointe-Noire notamment des dizaines de bureaux de vote n’avaient pas ouvert dans l’après-midi faute de listes ou de matériel et que sur le terrain ses délégués ont constaté des « fraudes massives » : « Vous avez beaucoup de situations à Brazzaville, de bureaux fictifs, dans les sièges de campagne locale du PCT et des partis alliés de la majorité. À Talangaï, les gens recevaient 5 000 à 10 000 francs pour aller voter dans des bureaux fictifs. Dans le village Mbandza-Ndounga, plusieurs de nos délégués n’ont pas pu travailler dans les bureaux de vote et on a procédé à des bourrages d’urnes. Il faut tout annuler. C’est n’importe quoi ! »
Et dans la nuit, le camp de Guy-Brice Parfait Kolélas apprenait la mort de ce dernier. Il était malade depuis plusieurs jours, contaminé au Covid-19.
Un vote serein pour le pouvoir
Au moment de voter, le président sortant Denis Sassoun-Nguesso a pour sa part salué le climat de « paix » qui a régné, selon lui, tout au long de la campagne et souhaité qu’il en soit ainsi jusqu’au terme du processus.
Le porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla évoque, lui aussi, une journée de vote « apaisée » et « sereine » « dans tout le pays ». Il dit voir dans les accusations de l’opposition la marque du dépit : « Tout cela a l’odeur de la défaite. On essaie de chercher des explications qui n’ont aucun rapport avec la réalité. Il peut y avoir des imperfections, parce qu’une élection n’est jamais parfaite, mais toutes les imperfections ne sont pas de nature à remettre en cause ni la sincérité ni l’authenticité du vote. Quant aux allégations sur des bureaux fictifs, sur des achats de voix, c’est un classique chez certains opposants en Afrique. »
Le porte-parole dément par ailleurs que son gouvernement soit à l’origine de la coupure d’accès à internet et aux réseaux constatée ce dimanche de vote.