En République démocratique du Congo, doubles flèches d’Alain Atundu, le dernier chef des renseignements sous Mobutu Sese Seko. La première est décochée contre l’État congolais qui poursuit Kalev Mutondo, l’ancien administrateur général de la redoutable agence nationale des renseignements (ANR). Il est accusé par d’anciens détenus de tortures, détentions arbitraires, traitements inhumains et tentative d’assassinat. La seconde flèche vise Mutondo lui-même. L’ancien homme fort sous Joseph Kabila est introuvable depuis l’émission d’un avis de recherche par le parquet général de Kinshasa-Gombe.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
« Je fais une réflexion à partir de mon expérience personnelle. » Alain Atundu Liongo est resté fidèle à l’ex-président Joseph Kabila, tout comme Kalev Mutondo aujourd’hui recherché pour avoir refusé de répondre aux deux convocations du parquet général près la cour d’appel de Kinshasa-Gombe. Une attitude que n’approuve pas du tout l’ancien patron du Service national d’Intelligence et protection (SNIP).
« Un homme politique ne doit pas craindre la prison, estime Alain Atundu Liongo. On ne peut pas défier l’État. Il faut avoir un comportement républicain parce que lorsqu’on est arrêté, on est peut-être mieux protégé que lorsqu’on est en cavale. »
« C’est illusoire de croire » que ce sont de « simples citoyens »
Il ne soutient pas non plus les poursuites engagées contre Kalev Mutondo : « Ce que l’on reproche à Kalev doit être prouvé. Il ne suffit pas que quelqu’un profitant de sa notoriété dans le pouvoir actuel puisse se verser dans la vengeance. Ça demande un traitement équitable. Monsieur Kalev a fait plus de dix ans. Nous lui devons certainement la paix. L’exercice de la fonction d’administrateur général est une manipulation quotidienne de secrets d’État. Il faut protéger les gens qui naviguent entre la légalité et l’illégalité pour l’intérêt général. »
À en croire cette figure du camp Kabila, « il est illusoire de croire » que les personnalités ayant piloté des services clés de l’État, sont de « simples citoyens ». Il demande au pouvoir en place de ne pas gouverner « sous la pression de la rue et la tyrannie médiatique ».
Les avocats de celui que le parquet considère comme un fugitif ont déjà saisi les autorités judiciaires du pays pour demander l’annulation de l’avis de recherche. Et sa famille dit craindre pour la vie de Kalev Mutondo.