Le président tunisien s’est rendu en Libye mercredi 17 mars, première visite d’un chef d’État aux nouveaux dirigeants du gouvernement d’union nationale. Le menu de la rencontre était copieux : le sort des familles de jihadistes, la position vis-à-vis d’Israël et la coopération économique.
Avec notre correspondant à Tunis, Mathieu Galtier
La visite a été intense. En huit heures, le président Tunisien, Kais Saïed, a rencontré le Premier ministre, Abdel Hamid Dbeibah, puis le président du conseil présidentiel, Mohamed el-Menfi. Si le chef d’État tunisien a eu les honneurs d’être le premier hôte officiel du nouvel exécutif, c’est bien la Tunisie qui a fait le premier geste concret. Tripoli a annoncé le retour en Tunisie d’un groupe de femmes et d’enfants de jihadistes tunisiens présumés. Leur retour fait débat en Tunisie. Certains partis politiques exigent leur déchéance de nationalité.
En contrepartie, Kaïs Saied a demandé une relance de l’Union du Maghreb arabe. L’organisation moribonde créée en 1989 regroupe les pays d’Afrique du Nord. Il s’agit de faire barrage à la politique marocaine de « normalisation » avec Israël, à laquelle Kaïs Saïed est fermement opposé.
Sur le plan économique, le président de la Tunisie a proposé un plan d’investissement commun afin de faciliter le commerce et les transferts financiers. La crise en Libye aurait coûté environ un quart de la croissance tunisienne entre 2011 et 2015. Sur les volets diplomatique et économique, les autorités libyennes n’ont rien promis à l’issue de la rencontre.