Il s’agit du premier témoignage entendu dans le procès ouvert mi-février contre Patrice Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom devant la Cour pénale internationale (CPI). Les deux Centrafricains sont poursuivis pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en 2013 et 2014. L’accusation a appelé à la barre une victime de l’attaque du 5 décembre 2013 à Bangui.
Avec notre envoyée spéciale à la Haye, Stéphanie Maupas
Témoin protégé, la jeune femme a déposé sous pseudonyme, le visage caché du public. À la barre, elle a raconté les crimes des anti-balakas sur Boeing, à l’Ouest de Bangui, le 5 décembre 2013. Inquiète des rumeurs d’attaque de la milice à laquelle émargeaient les deux accusés, elle s’était réfugiée au PK5, tandis que son mari tenait toujours le magasin familial. Jusqu’à ce triste jour…
À la barre, elle s’exprime en Sango mais son récit est interprété pour les juges.
« On a commencé à entendre des coups de feu. Je me suis levée précipitamment, je tremblais. J’ai ouvert le portail, je suis sortie. Je voyais les gens blessés, qui avaient des bras cassés, les parents criaient, mon cœur battait. Quelqu’un m’a posé la question : « mais où est-ce que tu vas ? ». Je lui ai dit : « mais je vais chercher mon mari ». » Celui-ci m’a dit : « Mais les anti-balakas sont sortis partout, tu ne peux pas aller jusqu’à là-bas. » » Ce n’est que quelques jours plus tard qu’elle apprend que les corps des tués ont été transportés jusqu’à la mosquée.
« Il y a un véhicule qui a transporté les corps à la mosquée. Mon mari était dedans. Je suis allée voir le corps. Il avait le cou fracassé. Je suis tombé en sanglots. »
Avec ce témoignage, il n’a pas été question des deux accusés. Le procureur a surtout dressé un premier tableau des crimes de leur milice.
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