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Le peintre Ndoye Douts prend le pouls des quartiers de Dakar

Figure de la scène artistique sénégalaise, le peintre Ndoye Douts invite à une plongée singulière dans les quartiers populaires de Dakar. C’est là, de Yoff à Gueule-Tapée, qu’il puise son inspiration depuis sa sortie des Beaux-Arts en 1999. « Entre terre et mer », sa nouvelle exposition à la galerie Art-Z, à Paris, jusqu’au 27 mars, témoigne d’une œuvre foisonnante, colorée, ludique.

Les Dakarois se plaignent constamment des embouteillages. Et ils sont bien là, dans les tableaux de Ndoye Douts, ces flots de véhicules qui paralysent les grandes artères comme les ruelles en terre battue. En quelques traits, comme un dessin d’enfant. Des voitures, il y en a des noires, des bleues, des roses… Et aussi des « cars rapides », ces minibus antédiluviens dont les peintures bariolées masquent les taches de rouille. Au milieu de tout cela, des vélos. Et puis une pirogue, des poissons. Enfin, sans notion de profondeur ou de hiérarchie, emplissant la toile, des immeubles, toujours plus nombreux.

« J’invite à un voyage dans ces quartiers populaires, affirme Ndoye Douts, joint dans son atelier de Médina – Gueule-Tapée. C’est important pour moi de mettre sur le même plan ces gens dans les pirogues qui vont pécher… ou qui partent pour l’immigration clandestine. Dans mes tableaux, il y a aussi des mosquées… et des églises. Les habitants vivent dans une même communauté et ils s’entendent bien », souligne le peintre de 47 ans.

« Quête de fraternité »

Les personnages qu’il représente ont les bras grands ouverts, preuve que la « teranga », la tradition d’accueil des Sénégalais, n’est pas qu’un argument marketing des agences de voyages. Bien au contraire, note Olivier Sultan, le fondateur de la galerie Art-Z, « les bras démesurés de ses personnages moulinent à tous les vents, ouverts aux autres comme au changement, en quête de fraternité ».

La simplicité apparente du trait et la vivacité des couleurs ressortent particulièrement dans les peintures à l’acrylique sur fond noir. Mais Ndoye Douts a aussi recours à un autre support qui donne du relief à ses œuvres… au sens propre du terme.

« J’utilise du papier kraft marron que je froisse pour faire des plis, détaille le plasticien qui aime travailler accroupi à même le sol de l’atelier. Cela donne un relief que la toile ne peut pas offrir. Et cela donne aussi cette couleur ocre, qui me relie à la terre ».

« Désordre architectural »

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Ndoye Douts a toujours manifesté cet attachement à la terre et à ceux qui l’habitent. Major de la promotion 1999 de l’École nationale des Beaux-Arts du Sénégal, son mémoire de fin d’études portait déjà sur les quartiers populaires et leur « désordre architectural ».

L’intitulé de ses tableaux, dont les prix de mise en vente varient de 800 à 5 800 euros, témoigne de cette géographie intime : Yoff, Diamalaye, Fann, Thiaroye… Mais c’est la Médina qu’il représente le plus souvent.

« C’est un quartier qui change très rapidement, assure le peintre aux fines tresses nouées en chignon. Les immeubles poussent comme des champignons ! La demande sociale est très forte ! Mon atelier est au quatrième étage et je vois tous les jours de nouvelles constructions. Comme si ces immeubles allaient toucher le ciel… »

Des constructions pas toujours aux normes. Il y a quelques jours, un balcon s’est effondré. Qui sait si cette scène figurera dans un futur tableau de Ndoye Douts ?

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