Le chef de l’État avait décrété une journée de deuil national jeudi en hommage aux victimes des manifestations : 10 morts selon une source gouvernementale, 11 selon le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D). Le mouvement appelle à une journée de prières ce vendredi. Rencontre avec les proches d’un jeune lycéen tué lors de ces manifestations.
ll était encore lycéen. Il est mort vendredi 5 mars à Colobane en pleine émeute, dans des circonstances qui restent troubles.
Ismaela est un de ses amis d’enfance, comme un petit frère, dit-il : « Il est mort comme un martyr. Imaginez-vous… Un jeune garçon de 18 ans qui a tout son avenir devant lui, qui était tellement calme, tellement respectueux… Quand il n’était pas à l’école, si ce n’est pas le foot, c’est le travail. Un jeune qui a vécu toutes ses années sans papa ! Il était tout pour sa maman ! Vous perdez tout ça… D’un seul coup ! À cause de quoi ? Imaginez… C’est tellement dur ! »
« On ne devrait pas tuer des enfants ! »
Les obsèques ont eu lieu mercredi au cimetière de Yoff. Khadiatou, une de ses amies s’insurge : « Malheureusement, pour nous, on l’a perdu dans des conditions regrettables. Aujourd’hui, on ne peut pas tout exprimer, parce qu’on a rage ! Ça me fait mal ! Les enfants, là, jetaient des cailloux, luttaient pour la démocratie, le pouvoir du peuple… On ne devrait pas tuer des enfants ! On n’a pas le droit ! Mais on ne peut rien faire, c’est ça le problème ! Mais on demande justice quand même. On demande justice… »
« Cette journée de prière me réconforte un peu, confie Khadiatou… même si lui ne reviendra plus. »
►À lire aussi : Reportage – Sénégal: l’UCAD, université en pointe de la contestation toujours sur le qui-vive