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Madagascar: comment inviter les femmes à plus participer à la vie politique du pays ?

Bien que majoritaires dans la population, sur les listes électorales, les femmes restent minoritaires, à 46%. Comment faire pour que ces listes reflètent plus la réalité ? Pour que les femmes participent plus à la vie politique de leur pays ?La Céni, la Commission électorale nationale et indépendante organisait hier mercredi un grand débat auxquels étaient conviées personnalités politiques, administrations et société civile pour réfléchir à la question.

avec notre correspondante à Madagascar, Sarah Tétaud

A Madagascar, les femmes sont plus nombreuses dans le pays que les hommes puisqu’elles constituent presque 51% de la population. Ce sont les chiffres du dernier recensement réalisé en 2018. Et quant aux femmes de 18 ans et plus, soit en âge de voter, ce chiffre augmente encore pour atteindre les 51,5% de la population. Et sur la Grande île, les femmes ont obtenu le droit de vote en 1959, à la veille du retour à l’Indépendance.

Pourtant, depuis des années, le nombre de femmes inscrites sur les listes électorales, même s’il augmente petit à petit, n’est pas représentatif de la démographie du pays. Selon plusieurs intervenants à la conférence mercredi, c’est « le manque d’accès à l’éducation [qui] reste la première cause de cette situation ». « Il y a beaucoup de femmes, même à Tanjombato, en périphérie de la capitale, qui ne savent ni lire ni écrire. Comment voulez-vous qu’elles puissent aller vérifier leur nom dans la liste électorale ? », interroge Maria Raharinarivonirina, commissaire électorale et membre du bureau permanent de la Céni.

Sensibiliser la reine à la pratique du vote 

Pour Mektoub Omar el Camille, ancien député de Mananjara, dans le sud-est de l’île, le pouvoir central commet une erreur d’approche, depuis des décennies, en refusant de prendre en compte le choc des cultures quant au fait politique, entre la capitale et le reste du pays. Pour encourager les femmes à s’inscrire sur les listes, hier, il a émis une recommandation, très remarquée : « Pour nous, dans les provinces, la société est organisée comme ça : il y a le roi, l’Ampanjaka, et son épouse. Donc lorsque vous entrez dans l’élection qui est une chose étrangère pour la population, il faut d’abord faire comprendre à l’épouse du roi l’enjeu de cette culture nouvelle. Et c’est elle qui va effectivement parler, sensibiliser, faire comprendre à ses consœurs, qui la respectent, l’intérêt de l’élection. Je le répète, le vote ce n’est pas notre culture. Chez nous, c’est le sang qui crée le pouvoir. »

Ces recommandations seront-elles suivies des faits ? La Céni, en pleine période de révision de sa liste électorale, espère enregistrer de nouvelles inscriptions d’ici à l’arrêtage définitif prévu le 15 mai prochain.

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