La concurrence militaire américano-russe bat son plein en mer Rouge, sur les côtes soudanaises. En décembre dernier, la Russie avait annoncé un accord avec Khartoum prévoyant la construction d’une base navale à Port-Soudan. Mais, depuis sa sortie de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme, les Etats-Unis convoitent aussi ce lieu stratégique qu’est le Soudan. Et il n’est pas exclu que Washington y installe aussi une base navale.
Le centre logistique naval de Port-Soudan, le premier en Afrique pour la Russie, est destiné à accueillir jusqu’à quatre vaisseaux et 300 militaires. Il doit servir, selon les autorités russes, comme « centre d’appui logistique » et pour les « réparations et les ravitaillements ». La position stratégique de ce carrefour d’échanges maritimes, renforcera le pouvoir d’action de la Russie dans l’océan Indien et le golfe d’Aden.
Quant aux Etats-Unis, ils semblent aussi vouloir un pied à terre au Soudan post el-Béchir, dans un contexte de rapprochement entre Washington et Khartoum, et alors que la coopération militaire avec le Soudan est en train de prendre de l’ampleur.
Depuis fin janvier, date de la visite du numéro deux de l’Africom à Khartoum, des informations ont fuité sur un accord pour une base navale américaine. Elle serait située à Aqiq Kabir, non loin de la frontière avec l’Erythrée. La politique de la main tendue américaine à Khartoum vise, selon plusieurs observateurs, à couper la route aux intérêts russes.
En moins d’une semaine, deux navires militaires américains ont accosté au Soudan. Le dernier en date, le destroyer Winston Churchill, est arrivé samedi à Port-Soudan. Et depuis dimanche, la frégate russe Admiral Grigorovitch est amarrée à 4 kilomètre du bâtiment américain.