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À la Une: l’opposant tchadien Yaya Dillo toujours retranché dans sa maison à Ndjamena

La situation est tendue et confuse autour de la résidence de l’opposant, qui était toujours encerclée hier soir par les forces de l’ordre. Internet a été coupé dimanche matin dans la capitale tchadienne de même que certaines lignes téléphoniques. Difficile donc d’avoir des informations précises sur ce qui se passe à présent.

Tchad Infos relate les faits : hier dimanche, « vers cinq heures du matin, le candidat à l’élection présidentielle Yaya Dilllo affirme par le biais des réseaux sociaux que sa « maison est encerclée par l’armée et la police ». Peu après, l’opposant ajoute : « ils viennent de tuer plusieurs de mes parents ». Parmi les morts, dit-il, « il y a ma mère, mon fils et trois de mes proches ». (…) »

À noter que l’opposant a tenu les mêmes propos hier matin sur notre antenne. Quelques minutes plus tard, internet était coupé à Ndjamena.

« Selon le ministre et porte-parole du gouvernement Cherif Mahamat Zene, poursuit Tchad Infos, les forces de l’ordre ont tenté d’arrêter Yaya Dillo et, ayant essuyé des tirs à leur arrivée, n’ont pas eu le choix que de « riposter ». Le ministre, lui, fait état de deux morts et de cinq blessés dont trois policiers. Le gouvernement condamne ce qu’il qualifie de « rébellion armée » et évoque « une tentative bien planifiée de déstabilisation de l’État ». »

Pour sa part, Tchad Actuel, autre site d’information tchadien, affirme qu’ « après l’assassinat de Sobory Goussoub Barka, la mère de Yaya Dillo, le président Deby, par peur de représailles, a envoyé sa garde rapprochée protéger les domiciles de ses sœurs. »

Et la France dans tout cela ?

« En tout cas, pointe Le Pays au Burkina, il ne faut pas s’attendre à ce que la France essaie de faire entendre raison au « guerrier du désert » ; lui qui vient de renouveler sa promesse à Macron de casser du terroriste dans le « triangle de la mort » au Sahel. Cet engagement lui vaut une immunité de la part de l’Hexagone en particulier et de la communauté internationale en général. Le peuple tchadien est donc prévenu, soupire le quotidien ouagalais. La démocratie au Tchad est et sera le cadet des soucis de la France tant que la feuille de route assignée à Idriss Deby ne sera pas exécutée jusqu’au bout. Dans ces conditions, seuls les armes et la nature peuvent imposer l’alternance démocratique au Tchad. »

Deby fébrile à l’approche de la présidentielle ?

Par ailleurs, poursuit Le Pays, « il est important de rappeler que Yaya Dillo est candidat à la présidentielle du 6 avril prochain. Il a été investi par le Parti socialiste sans frontière. Dans une vie antérieure, l’homme a été chef rebelle avant de rallier le camp présidentiel où il a servi en qualité de ministre. Pendant sa lune de miel avec Idriss Deby, il a représenté le Tchad en tant que haut fonctionnaire à la CEMAC (la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). En dépit de ce statut de privilégié du régime, il avait osé mettre les pieds dans le plat en dénonçant la gestion calamiteuse de la chose publique par Deby et les siens. Il avait notamment pointé la gestion de la Première Dame. Cet acte téméraire lui avait valu d’être révoqué par le dictateur. »

Conserver son fauteuil à tout prix…

« Nous voilà donc dans un jeu de ping-pong entre le régime Deby et Yaya Dillo, candidat à l’élection présidentielle du 6 avril prochain, relève pour sa part Aujourd’hui, toujours au Burkina Faso. À un peu plus d’un mois de ce scrutin, cette attaque sonne comme une absence de sérénité dans le camp du pouvoir. De plus en plus contesté pour sa gestion jugée cahoteuse, Idriss Deby, champion de la lutte contre le terrorisme dans une région sahélienne en manque de leadership, va à l’assaut d’un énième mandat à la tête d’un pays très éprouvé sur le plan économique et sécuritaire et qu’il faut sortir de l’ornière. Que reproche-t-on véritablement au candidat du Parti socialiste sans frontières pour en arriver là !, s’exclame Aujourd’hui. Avec ce bilan meurtrier, les auteurs de cet assaut apportent de l’eau au moulin des pourfendeurs de ce régime adoubé par l’Occident pour des raisons de géopolitique mais vomi par une partie des Tchadiens pour ses dérives et ses excès. Ce faux-pas que vient d’effectuer le régime tchadien et ses sbires, conclut le quotidien ouagalais, montre que les palais présidentiels africains abritent majoritairement des hommes qui n’ont d’yeux que pour leurs fauteuils douillets. Le maréchal Idriss Deby, aussi puissant soit-il, n’échappe pas à cette règle. Il vient d’en donner la preuve. »

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