Assiste-t-on à un changement d’attitude à la tête de l’État éthiopien ou bien peut-on voir les premières fractures au sein du gouvernement à propos de la guerre au Tigré ? Après trois mois et demi de conflit et un désastre humanitaire, la présidente de la République, Sahle-Work Zewde, est sortie de son silence. Sa vision de la situation humanitaire est bien plus alarmante que celle du Premier Ministre qui lui assure que tout est rentré dans l’ordre dans la province du nord.
Avec notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin
Sur les réseaux sociaux, apparaissent des images de la présidente en visite à Mekele, la capitale provinciale du Tigré. Devant les photographes, on la voit réconforter une femme assise à même la route ou encore embrasser une petite fille blessée.
Mais au-delà des images, le poids des mots: « Les besoins sont énormes », assure-t-elle avant d’ajouter: « On ne peut pas faire semblant de ne pas voir ou entendre ce qui se passe au Tigré. »
Sahle-Work Zewde parle de violations des droits de l’homme et de récits d’horreurs, notamment de violences sexuelles à l’encontre des femmes de la province.
Même si sa position rejoint les conclusions de nombreuses organisations humanitaires, elle a de quoi surprendre car, en effet, elle prend le contre-pied de la version officielle du Premier ministre. De fait, Abiy Ahmed continue de minimiser l’impact de la guerre sur les civils. Aucun bilan officiel n’a été publié depuis le 4 novembre.
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