La tension est vive avant une nouvelle manifestation annoncée sur le péage de Lekki, à Lagos, ce samedi 13 février. Ce rassemblement a été interdit par les autorités, qui craignent visiblement un retour du mouvement #EndSars. C’est sur le péage de Lekki que les forces de sécurité nigérianes ont tiré sur la foule le 20 octobre dernier, après deux semaines de mobilisation de la jeunesse contre les violences policières, faisant au moins 12 morts selon Amnesty International.
Avec notre correspondante à Lagos, Liza Fabbian
Il y a une semaine, la commission judiciaire chargée d’enquêter sur ce drame a donné son autorisation pour la remise en service de ce péage, provoquant une vague de colère sur les réseaux sociaux.
Les divisions sont profondes après la décision de la commission d’enquête de Lagos, actant la réouverture prochaine du péage de Lekki. Ce vendredi, une représentante des jeunes a annoncé sa décision de se retirer du comité judiciaire, dénonçant « un retour au statu quo », alors que la « justice n’a pas été rendue ».
Deux rassemblements sont toujours prévus ce samedi : le premier sous la bannière #RevolutionNow vise donc à dénoncer la réouverture du péage de Lekki – dont les gestionnaires sont toujours soupçonnés d’avoir appuyé la répression du mouvement #EndSars au mois d’octobre.
Le second rassemblement est une contre-manifestation, lancée à l’initiative d’un groupe de jeunes bien décidés à « défendre Lagos » et à empêcher que les violences qui avaient ravagé la ville après la tuerie de Lekki ne se reproduisent.
Peu avant le coucher du soleil, ce vendredi soir, des hommes de la police lourdement ont défilé aux abords du péage de Lekki – une démonstration de force largement relayée sur les réseaux sociaux.
Jeudi, le commissaire de police de Lagos a été très clair, estimant que tout rassemblement dans la mégalopole serait considéré comme « une tentative pour semer le chaos ». « Nous n’hésiterons pas à résister à toute forme de protestation avec toutes les ressources à notre disposition », a-t-il menacé.