En Centrafrique, la situation des nouveaux déplacés inquiète les humanitaires. Ils sont 240 000 environ à avoir quitté leur foyer depuis le début des affrontements, mi-décembre. Certains ont fui à l’étranger, d’autres à quelques kilomètres de chez eux, comme par exemple sur le site de l’école Houphouët-Boigny de PK22, à une vingtaine de kilomètres au nord de Bangui. Près de 2 500 déplacés y sont installés. Ils ont fui une incursion rebelle dans leurs villages et les combats qui s’en sont suivis. Malgré l’immense précarité dans laquelle ils vivent, la plupart n’envisagent pas de rentrer.
Avec notre envoyée spéciale à Bangui, Florence Morice
Assise sur un tabouret, Anne, 63 ans, fait bouillir quelques feuilles de manioc, glanées dans les environs. Il y a trois semaines, elle a fui sa maison, à l’entrée de son village. Elle est, dit-elle, la première à avoir vu les rebelles arriver.
« Je les ai vu arriver, alignés, en colonne. J’ai abandonné ce que je faisais et j’ai fui en brousse. Tout est cassé dans le village, les toits, les portes des maisons, j’ai trop peur d’y retourner », confie-t-elle.
Alphonsine, elle, a tenté de revenir sur ses pas, mais le terrible spectacle qui l’attendait l’a découragée : « J’avais caché quelques affaires en brousse. Quand je suis retournée les chercher, j’ai vu plein de cadavres, il y a des cadavres dans le village, ils n’avaient pas été enlevés. Je ne peux pas y retourner. »
Les combats qui ont opposé rebelles et forces armées ont été violents, raconte Honoré Bassangou, coordonnateur du site de déplacés. Des combats qui ont laissé des traces : « Sur le village qui a été attaqué, il n’y a plus personne, tout est cassé. Là-bas, c’est tellement horrible. Il y a des obus qui sont tombés et qui n’ont pas éclaté. Les gens ont peur de revenir là-bas. »
Beaucoup ont également perdu leur bétail en fuyant, et ignorent comment, même une fois de retour, ils pourront nourrir leurs familles.